La Chine vient de refermer sa session parlementaire annuelle. Les dirigeants en place à Pékin ont promis de lutter contre le chômage et la crise de l’immobilier. Christian Saint-Etienne explique en quoi les ambitieuses perspectives de croissance affichées par le pouvoir vont se heurter à la réelle situation de la deuxième économie mondiale.
Lors de la session annuelle du Parlement chinois au début mars 2024, les responsables économiques du Parti communiste chinois ont assigné à l’économie de leur pays un objectif de croissance de 5% pour l’année 2024. Le Premier ministre Li Qiang, dans son premier rapport de travail à l’Assemblée nationale populaire, a indiqué qu’en dépit de la déflation interne et de la crise de l’immobilier, cet objectif lui paraissait atteignable dans un contexte où la Chine continue d’augmenter fortement son budget militaire, de financer l’expansion de sa production de microprocesseurs et le développement des applications de l’intelligence artificielle.
Optimisme des autorité
Pour accélérer la reprise et le développement de ses secteurs de souveraineté, la Chine va baisser les taxes douanières sur les importations de certains produits technologiques tout en continuant de réduire l’influence des entreprises technologiques américaines sur son territoire.
Les observateurs ont été surpris de l’annulation de la traditionnelle conférence de presse du Premier ministre lors de la session de l’Assemblée populaire. Li Qiang est ramené au rôle de simple collaborateur de Xi Jinping qui concentre plus que jamais tous les pouvoirs dans ses seules mains.
Toutefois, dans ses dernières prévisions en 2024, le Fonds monétaire international est moins optimiste que les autorités chinoises sur la croissance à venir en anticipant une croissance de 4,6% en 2024 et 4,1% en 2025. Le secteur immobilier, qui représente directement et indirectement près de 30% de l’économie chinoise, reste plombé par la crise des grands promoteurs chinois qui n’arrivent toujours pas à honorer les échéances de leur endettement en dépit des aides ponctuelles du gouvernement qui rechigne à enclencher une restructuration du secteur. Le chômage des jeunes se maintient au-dessus de 20%, ce qui contribue à l’effritement de la confiance des Chinois dans leurs autorités. Les Bourses de Shanghai et Shenzhen continuent de sous-performer celles des Etats-Unis et de l’Europe en 2024 après une performance décevante en 2023.
Mais l’économie chinoise continue de peser lourd avec un PIB cinq fois plus élevé que celui de l’Inde, une puissance industrielle sans équivalent et l’essor de ses exportations dans les voitures électriques, les pompes à chaleur ou les panneaux photovoltaïques.
Un facteur de déstabilisation
La question centrale reste celle de l’orientation de la politique générale du pays avec la reprise en mains du secteur de la Tech symbolisée par la chute de Jack Ma, le retour des cellules du Parti communiste dans les entreprises du secteur privé y compris les entreprises étrangères et les disparitions inexpliquées de dirigeants du secteur privé chinois. Il en résulte une forte baisse des entrées de capitaux à long terme qui sont devenues inférieurs à celles de l’Inde en 2023.
La Chine est donc devenue un facteur de déstabilisation des relations internationales avec sa volonté de prise de contrôle de la mer de Chine méridionale, la multiplication des incidents entre les ‘bateaux de pêche’ chinois et la marine des Philippines, et l’accentuation de sa politique de subventions, contraires aux règles de l’OMC, aux secteurs exportateurs.