Deux élections importantes se profilent à l’horizon dans le monde anglo-saxon : les générales au Royaume-Uni en décembre 2019 ; la présidentielle aux Etats-Unis en novembre 2020. Entre Conservateurs, Travaillistes, Démocrates et Républicains, Jean-Paul Betbeze explique pourquoi les marchés financiers ont déjà fait leur choix, de part et d’autre de l’Atlantique.
Les marchés financiers votent Johnson le 12 décembre 2019 et Trump le 3 novembre 2020. C’est clair pour eux au Royaume-Uni, d’accord en cela avec les sondages. Mais, aux États-Unis, si les marchés sont « pro-Trump », les sondages sont bien plus incertains.
Au Royaume-Uni, selon le Financial Times, les Conservateurs recueillent 43% des voix, les Travaillistes 31%, les Libéraux Démocrates 15%. Pour les 15% qui restent, les Brexiters de Nigel Farage auraient 4%, les Ecossais 4% et les Verts 3%. Evidemment ceci peut varier et n’assure pas d’une majorité conservatrice, même si elle est probable. Les Lib-Dem parient ainsi sur un gouvernement minoritaire, forcé de mener un second referendum.
Mais, pour les marchés, le programme très à gauche du Labour suffit pour choisir : nationalisations du rail, des postes, de l’infrastructure Internet, des entreprises d’énergie et d’eau, 400 milliards de £ payés par endettement pour rénover les infrastructures et développer des technologies bas-carbone, une hausse de 5% des salariés du secteur public, un salaire minimum fixé à 10 £ par heure et un plan de soutien au système de soins, avec une série de taxes sur les hauts salaires, les industries du gaz et du pétrole, des taxes sur les plus-values et les dividendes, une hausse d’impôts sur le revenu au-dessus de 80 000 £…
En face, les Conservateurs annoncent, outre le Brexit en janvier, qu’il n’y aura aucune hausse d’impôts et de taxes, avec des dépenses bien moindres : soutien aux systèmes de soins et aux crèches, hausse de 2,5% des pensions et engagements « verts » à 2050.
Au Royaume-Uni, on ne peut pas dire que le bouclage des deux programmes soit clair. Mais les marchés retiennent surtout un Brexit fin janvier sans impôts nouveaux (avec un certain creusement du déficit budgétaire) côté conservateur, contre un nouveau référendum, plus de dépenses et d’impôts, plus des nationalisations, côté travailliste (avec un creusement certain du déficit). Ils votent conservateur, la bourse et la Livre montent.
Aux États-Unis, les sondages vacillent entre Donald Trump et « l’autre candidat », Joe Biden, Elisabeth Warren, Bernie Sanders, Pete Buttigieg, Michel Bloomberg. Aucune avance de Trump n’est significative, ni stable, notamment avec des pourcentages parfois élevés de votes « other ». Mais, pour les marchés financiers, les fortes augmentations d’impôts demandées par Warren, Sanders et même celles, plus modestes, de Biden (affaibli lui aussi par l’impeachment), et Butigieg, font la différence. Ils aiment le poids du Dow Jones dans les objectifs de Donald Trump. Pour lui, moins d’impôts c’est plus de profits, donc un Dow Jones en hausse, avec plus de croissance, d’emplois et de salaires, donc ensuite plus de croissance et un Dow Jones en hausse, sachant que les déficits extérieur et budgétaire ne seront pas un problème, le dollar devant surclasser les autres monnaies.
En Grande-Bretagne, le programme travailliste fait peur, surtout avec l’incertitude qu’il amène sur le Brexit. Les électeurs veulent une solution nette et proche. Les marchés sont d’accord. Aux Etats-Unis, les choix sont moins clairs. Certes Donald Trump est clivant. Mais, face à tant de candidats, riches avec Michael Bloomberg (53 milliards) et surtout vieux : Bloomberg et Biden 77 ans, Warren 70, Sanders 78, nombreux se demandent si Trump, 73 ans, n’est pas le plus apte à conduire le bateau. Les Américains hésitent, pas les marchés.