Le pôle maritime et portuaire est l’un des fleurons de l’économie marseillaise. Mais au-delà de la compétitivité des principaux acteurs (le Grand Port Maritime, CMA-CGM…) et de leur aptitude à mieux coordonner leurs stratégies, une menace se profile : la « dé-mondialisation ».
La guerre commerciale, impulsée notamment par la politique protectionniste de Donald Trump, s’est traduite par une augmentation considérable des tarifs douaniers et par une chute de la croissance du commerce mondial (seulement + 1% en 2019). Ces tensions protectionnistes ont toutes les chances de se maintenir, surtout si Donald Trump est réélu. On observe également un recul du processus de fragmentation internationale des chaînes de production. Les entreprises, qui avaient multiplié les délocalisations de certains processus de production vers des zones à coûts salariaux plus bas, se recentrent plus nettement aujourd’hui autour des marchés aval, au plus près de la demande finale, en substituant des échanges « régionaux » de produits manufacturés (au sein de l’Europe continentale, ou en Asie du Sud-Est) aux échanges intercontinentaux de produits intermédiaires ou semi-finis (entre l’Europe, l’Asie ou l’Amérique). Ce passage à des chaînes de valeurs régionales s’explique par la hausse des niveaux de salaires, en Chine par exemple, mais aussi par le poids sans cesse croissant des facteurs technologiques et des hauts niveaux de qualification dans la production de biens manufacturés, ce qui rétablit les avantages comparatifs des économies développées. S’y ajoute le risque de ruptures dans la chaîne d’approvisionnement face à un choc géopolitique ou sanitaire, on le voit en ce moment avec le coronavirus en Chine.
Le risque de ralentissement durable des volumes échangés, et donc des tonnages transportés par voie maritime et transitant par Marseille, devra donc être compensé par une valeur-ajoutée accrue, des gains de productivité plus élevés grâce aux innovations et à la digitalisation de l’ensemble de la filière, et par le jeu d’un enrichissement des services (logistique, fourniture d’énergie propre, intelligence économique et big data…) adossés au simple transport maritime de marchandises.