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Sept lignes de force pour demain

La 24e édition des Rencontres d’Aix-en-Provence s’est tenue dans un contexte inédit. Le thème de cette année, “Relier les mondes”, était d’une actualité frappante. Nos sociétés n’ont jamais été aussi polarisées. Chacun perçoit autrui à travers le prisme de sa propre identité et ces trois semaines de campagne ont montré que les émotions l’emportent maintenant systématiquement sur un dialogue rationnel. Il n’y a néanmoins aucune fatalité et un événement comme le nôtre se devait d’être à la hauteur de la situation. Qu’est-ce qui n’a pas été fait correctement ces dernières années ? Comment réconcilier des mondes qui s’ignorent ? Par quels biais restaurer les conditions d’un dialogue apaisé ?

De ces deux jours de discussions, réunissant 380 intervenants de 45 nationalités différentes et des milliers de participants, ont émergé sept lignes de force trop longtemps délaissées intellectuellement et politiquement depuis 20 ans dans notre pays : redonner espoir et confiance aux jeunesses ; bâtir un projet intergénérationnel ; maîtriser la dette, une contrainte inéluctable ; placer l’innovation au cœur du projet européen ; redéfinir le rôle du travail : rémunération, reconnaissance, perspectives ; relier l’Europe et l’Afrique ; financer les transitions avec justice et justesse. Seul un traitement en profondeur de ces sept thèmes permettra d’imaginer les chemins de la réconciliation.

Parmi ces thématiques, trois répondent à l’urgence du moment.

D’abord, la jeunesse. Les jeunes nous interpellent et nous ne savons pas les écouter. Il est temps de s’intéresser au 1,5 million de NEETS, les diriger vers des formations professionnalisantes rémunérées dans le cadre d’un plan de trois ans. Il est également nécessaire d’instaurer une politique de représentation obligatoire des jeunes dans les entreprises et de reconnaître les programmes de mentorat dans les carrières.

Ensuite, l’intergénérationnel. Le contrat social en France est en crise. Une cause souvent négligée est la fracture entre les générations. Pour atténuer ces divisions, les retraités doivent contribuer au financement de la dépendance et rétribuer les aidants non-professionnels. Le taux de CSG des retraités doit être aligné avec les autres catégories. Une sixième branche de la Sécurité Sociale visant à éradiquer la pauvreté intergénérationnelle en 10 ans est également nécessaire.

Pour finir, le travail. Les entreprises doivent revitaliser l’ascenseur social en panne. Pour améliorer le bien-être des salariés, la question de la généralisation du « salaire décent » devrait être posée. Une solution à court terme pour les difficultés de pouvoir d’achat serait de doubler la prime d’activité. Mais surtout, il faut donner une vraie perspective de carrière, essentiellement aux non qualifiés. Pour cela il faut établir un rendez-vous pour tous les salariés avant 50 ans qui leur permet d’exprimer ce qu’ils jugent nécessaire, notamment en termes de formation pour la seconde partie de leur carrière.

Jamais depuis la création des Rencontres, nous nous sommes retrouvés dans cette situation. Aix aura été le dernier lieu, avant le second tour, où se sont déroulés des débats apaisés, rationnels et raisonnés. Un lieu où nous avons réussi à avancer ensemble : universitaires, économistes, chefs d’entreprise… Pour les années à venir, il sera essentiel de conserver cette volonté de promouvoir une discussion ouverte à tous. Durant ces 2 jours, nous avons apporté une petite pierre à la seule réflexion qui doit à présent nous préoccuper : comment rebâtir un monde partagé, apaisé et ouvert à tous pour les 25 dernières années ?

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