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Immigration, un atout pour l’économie ?

Selon Ekrame Boubtane, économiste, spécialiste des questions liées aux migrations internationales, lorsque l’on considère à la fois les dépenses et les recettes, l’immigration, y compris l’accueil des demandeurs d’asile, n’a pas d’impact négatif sur les finances publiques.

Dans un contexte de vieillissement de la population, tout le monde s’accorde sur le fait que l’accroissement de la population d’âge actif a un effet positif sur les perspectives de croissance économique. Cet accroissement permettrait le remplacement des seniors qui partent à la retraite et de constituer un vivier de recrutement pour les créations futures de postes. Pourtant lorsqu’il s’agit de l’entrée d’immigrés qui sont principalement d’âge actif, le débat subsiste sur les effets économiques de l’immigration.

Rappelons d’abord que de nombreux travaux de recherche empiriques ont montré que l’immigration a globalement un effet positif sur l’économie. Elle augmente le taux d’emploi et a peu d’impact sur le chômage et les salaires. Elle contribue ainsi à augmenter le niveau de vie moyen.

Surreprésentation des emplois précaires

Contrairement aux idées reçues, les immigrés ne sont pas parfaitement substituables aux non-immigrés. Ils s’insèrent dans les emplois disponibles et occupent aussi bien des postes qualifiés ou hautement qualifiés, que des postes ne nécessitant pas de formation spécifique. Les actifs immigrés sont surreprésentés dans des métiers caractérisés par des conditions de travail contraignantes et/ou des rémunérations peu attractives, ainsi que dans les emplois précaires et soumis aux aléas de la conjoncture. Ils sont ainsi plus exposés aux risques de chômages et de pauvreté et bénéficient sous des conditions plus restrictives que celles qui s’appliquent aux natifs de prestations sociales.

Par ailleurs, les personnes exilées qui ont obtenu une protection internationale ont besoin d’une prise en charge matérielle dès leur arrivée dans le pays et d’un accompagnement renforcé pour s’insérer sur le marché du travail . L’intégration des immigrés représente ainsi un coût budgétaire qui soulève des interrogations sur les effets de l’immigration sur les finances publiques.

Facteur-clé de croissance

Certes, l’immigration contribue à augmenter certaines dépenses publiques, en plus de celles consacrées à l’accueil et à l’intégration des nouveaux arrivants, les dépenses consacrées à la famille et aux enfants augmentent car les immigrés relativement plus jeunes que le reste de la population sont également en âge d’avoir des enfants. Mais elle contribue également à augmenter la production nationale et permet ainsi de réduire la charge des dépenses publiques consacrées aux personnes âgées. En plus, les immigrés paient des impôts directs et indirects ainsi que des cotisations sociales. Lorsqu’on prend en compte l’ensemble des dépenses et l’ensemble des recettes, l’immigration ne pèse pas sur les finances publiques , y compris lorsqu’il s’agit de l’accueil des demandeurs d’asile.

L’immigration est aujourd’hui un facteur clé pour la croissance de la population active. Elle permettrait de répondre aux besoins de main-d’oeuvre notamment dans les métiers peu attractifs pour les jeunes qui arrivent sur le marché du travail et de compléter l’offre de ces derniers pour les métiers les plus qualifiés. Les dépenses publiques nécessaires à l’intégration des immigrés qui ont des difficultés d’insertion sur le marché du travail constituent un investissement financé par la contribution des immigrés à la croissance économique et aux recettes publiques.

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