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L’école à la croisée des chemins 

Après avoir fait figure d’exception européenne, la France fait désormais face à une baisse de son nombre d’élèves. Face à cette tendance, deux réponses semblent possibles : maintenir le budget de l’éducation et augmenter le budget par élève, ou maintenir le budget par élève et baisser le budget de l’éducation. Alors que la première option semble avoir été privilégiée, Philippe Watrelot déplore que l’enseignement soit d’abord considéré comme un coût plutôt que comme un investissement. 

La France ne fait plus exception. Une ample et durable baisse de la démographie scolaire affecte désormais les enseignements primaire et secondaire du pays, comme ceux de la quasi-totalité des pays les plus développés. Après le mini baby-boom autour des années 2000, la baisse a commencé à se faire sentir en France dès 2015 dans le premier degré, puis en 2020 dans le second degré. 

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    La direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance

Les études de la DEPP1 et de l’INSEE prévoient que ce reflux démographique sera durable jusqu’à l’horizon 2030, voire au-delà.  

L’État donnera-t-il la priorité à une politique de gestion comptable et financière (suppression de classes, de postes d’enseignants, voire de certains établissements…) ou à une politique visant à améliorer l’efficacité du système éducatif et les conditions de travail des personnels ?  

Dans un contexte de déficit budgétaire, il est tentant de donner la priorité à une logique comptable stricte : à effectifs d’élèves en réduction, diminution dans les mêmes proportions des moyens octroyés à l’école. C’est ce que propose un rapport conjoint des inspections des finances et de l’éducation nationale paru en aout 2024.  

Mais ce pourrait être aussi l’occasion de résoudre un certain nombre des problèmes du système éducatif français : classes surchargées, problèmes de remplacement, insuffisance des moyens pour l’école inclusive et les élèves en difficulté, rémunération des enseignants. 

Autrement dit, à quel niveau d’équilibre entre ces deux politiques contraires le gouvernement français décidera-t-il de positionner le curseur ?  

La préparation – bien chaotique – de la loi de finances 2025 donne des éléments de réponse. On semble faire le choix des suppressions de postes (4 000 ou 2 000 selon les projets) même si on en créée quelques-uns dans le soutien pour l’école inclusive. La perspective budgétaire annoncée est aussi la certitude qu’il n’y aura pas de revalorisation salariale. Les postes offerts aux concours diminuent et l’on peut faire l’hypothèse que les emplois seront donc occupés par des contractuels, plus flexibles et pouvant être supprimés au fur et à mesure de la poursuite du reflux démographique. 

Si les propositions du rapport précité se concrétisent, il faudra aussi envisager non seulement des fermetures de classes mais aussi d’écoles. Ce qui posera des problèmes d’aménagement du territoire notamment dans les zones rurales. On peut aussi se poser des questions sur la poursuite d’un certain nombre d’enseignements optionnels ou facultatifs dans le second degré. Alors que l’école française est une de celles où l’origine sociale joue le plus dans la réussite scolaire, on peut craindre que cette austérité ne fasse qu’aggraver les inégalités.  

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    Education at a Glance 2024, OCDE, septembre 2024

Le risque est donc celui d’une dégradation des conditions d’enseignement, qui sont déjà structurellement mauvaises par rapport à nos voisins et aux pays comparables. Une enquête de l’OCDE2 rappelait que la France est un des pays où le taux d’encadrement est le plus élevé. En moyenne, nous comptons presque 26 élèves par classe au collège contre 21 élèves en moyenne dans les 22 pays de l’Union européenne membres de l’OCDE. Mais cet arbitrage français ne se fait pas pour autant en faveur de la rémunération des enseignants français. Ceux-ci travaillent plus et sont payés moins que la moyenne européenne. 

L’effort de la France pour son éducation (7,3 % du PIB en 2010, 6,7 % du PIB en 2023) est en baisse depuis une quinzaine années. Les dépenses n’ont pas été à la hauteur de la hausse liée à la démographie et à la massification.  Alors qu’on assiste à un reflux démographique, on continue à considérer l’enseignement comme un coût plutôt que comme un investissement.  

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