Cet article est extrait du deuxième numéro de la revue Mermoz, « Le toit nous tombe-t-il sur la tête ? ».
Vous souvenez-vous de la maison qui rend fou des Douze Travaux d’Astérix ? Cette étrange bâtisse pourrait être une allégorie toute trouvée de la crise du logement en France. Législateur, élu local, promoteur, locataire, propriétaire, architecte… une myriade d’acteurs se renvoient chacun la responsabilité de l’imbroglio dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui. Pourtant, jamais nous ne devrions baisser les bras pour résoudre la crise du logement qui, au-delà de considérations strictement économiques, recouvre avant tout un aspect humain et sociétal. Voici pourquoi nous avons choisi d’y consacrer le deuxième numéro de Mermoz.
Avoir un logement, c’est d’abord avoir un toit sur sa tête, qui nous apporte sécurité et stabilité, mais c’est aussi avoir une adresse à partir de laquelle nous aurons accès (ou non) aux services essentiels, à l’emploi et construirons nos liens sociaux. Cette double fonction de protection et de projection rend le logement si important pour chacun d’entre nous, à commencer par ceux qui en sont privés. À travers lui, ce sont les valeurs et aspirations d’une époque qu’on entrevoit. Lieu de passage, abritant plusieurs générations et des activités économiques pendant des millénaires, le logement s’est peu à peu transformé en forteresse à mesure que la société s’individualisait. Qu’en sera-t-il demain ? Voici une question qui agitera encore des générations d’architectes en quête du logement idéal.
Le logement, c’est aussi une activité qui pèse lourd économiquement. Très lourd, même : dans leur définition la plus large, les dépenses de logement représentaient 22 % du PIB français en 2022. Il est le premier poste de dépense des ménages, loin devant l’alimentation, les transports ou l’éducation. L’industrie de l’immobilier et de la ville emploie à elle seule 2,3 millions de personnes, sans compter les millions d’emplois induits. Au-delà de ces activités économiques, le logement a aussi une influence indirecte sur le marché du travail, où il peut provoquer des tensions lorsque les offres de logement et de travail ne coïncident pas.
Mais le logement, en France, c’est surtout une crise qui n’en finit pas. Pourtant, la politique du logement n’est pas née d’hier. Les historiens la font remonter à 1850, avec la première loi sur l’assainissement des logements insalubres. Aujourd’hui, 3 500 textes techniques et juridiques en France sont censés répondre à des enjeux toujours plus nombreux. Dernier défi en date posé au logement, la crise climatique et l’érosion de la biodiversité, qui nous imposent de repenser profondément nos manières de construire, d’aménager et d’habiter les territoires. Alors, le toit va-t-il nous tomber sur la tête ? C’est à craindre si nous continuons nos errements. Heureusement, les idées ne manquent pas en la matière. Il se pourrait même que nos voisins ou nos ancêtres aient déjà trouvé les solutions.