— Actualité

— Société

Redonner confiance à la jeunesse

Après avoir interrogé plus de 15.000 jeunes, le Cercle des économistes fait état d’une génération désenchantée. Ces jeunes citoyens décrivent une situation injuste où la classe politique ne les représente pas et où le système social ne leur profite plus.

Crise sanitaire, inquiétude climatique, incertitude politique et géopolitique, perte du pouvoir d’achat et perspective d’une dette qui ne cesse de croître… Comment, dans ce monde fragile, la génération des 18-30 ans envisage-t-elle son avenir ? Pour la troisième édition de son projet Jeunesse(s), le Cercle des économistes a mené des conversations avec 15.000 jeunes venus de tous horizons. Il en ressort un portrait contrasté d’une génération lucide et pragmatique, mais vulnérable et désabusée

Trois sujets majeurs sont mis à jour : une confiance rompue avec le politique, des inégalités bien identifiées générant un sentiment d’injustice et un climat profond d’insécurité. Il est urgent d’écouter cette jeunesse avec ses indignations, ses contradictions, ses aspirations et sa fragilité, et surtout de regagner sa confiance.

Désengagement citoyen

Les jeunes se disent intéressés par la politique, mais 74 % d’entre eux ne se sentent ni représentés ni écoutés, une progression de 10 points par rapport à 2024 ! Oubliés par la classe politique, constatant l’impuissance de l’action publique, les 18-30 ans sont de moins en moins concernés et désertent les urnes, persuadés que leur vote sera inefficace.

Les conditions de vie des 18-30 ans sont disparates. Le territoire creuse les inégalités entre les métropoles bien desservies par les transports en commun et les petites villes éloignées des infrastructures. Un tiers des jeunes pointe la mauvaise qualité des services publics dans certaines régions. Un sujet sensible.

Le problème du logement des jeunes, qui a fait l’objet de tant de rapports et de si peu de décisions, devient crucial, amenant les 18-30 ans à faire des arbitrages dans leur budget au détriment parfois de leur santé, de leur alimentation ou de sorties culturelles. La précarité (32 %), la solitude (21 %) et la recherche d’emploi fragilisent particulièrement ceux qui ont été obligés de quitter leur ville natale pour leurs études ou un travail.

74 %

part des jeunes interrogés par le Cercle des économistes qui ne se sentent ni représentés ni écoutés par la classe politique

Le modèle social tant vanté par leurs aînés a pris un sérieux coup dans l’aile. Réalistes, les 18-30 ans s’interrogent sur l’avenir d’une retraite que 54 % jugent incertaine. Conséquence : la perception d’une solidarité intergénérationnelle déséquilibrée prédomine.

Un système social inéquitable

Plus de deux tiers des jeunes estiment le système social inéquitable à leur égard et ce, même s’ils n’ont pas eux-mêmes bénéficié d’aides. Mais s’ils étaient chargés de distribuer les cotisations et contributions, ils choisiraient avec lucidité de flécher d’abord la santé, puis l’éducation devant… l’aide aux jeunes. Les décideurs devraient prêter l’oreille à cette perception d’une société injuste, avant que son bruit ne ressemble à de la colère.

Dans un contexte général d’insécurité, où 41 % des Français se sentent exposés à des problèmes de santé mentale, le mal-être concerne quatre jeunes sur dix. En perte de confiance, la jeunesse se tourne alors vers des valeurs refuge, source de stabilité, comme la famille et les amis proches. Et quand ils se projettent, ils se voient propriétaires (70 %) et, en rupture avec le modèle de métropolisation, ils souhaitent vivre dans une petite ville ou à la campagne. Une aspiration à la tranquillité qui en dit long sur leur besoin de se sentir protégés.

Reconquérir les jeunesses, pour éviter une atomisation sociale et générationnelle, jeunes contre les autres générations, passera par un renouveau d’un projet collectif. Le projet Jeunesse(s) y contribue.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

— Pour aller plus loin