Les vacances d’été sont arrivées mais l’activité continue et la crise poursuit son œuvre. Covid-19, chômage, élection présidentielle américaine, politiques monétaires… Jean-Paul Betbeze liste et analyse les différents événements et indicateurs à prendre en compte pour comprendre, et anticiper, la réaction des marchés financiers d’ici la rentrée.
Bien sûr, vous le savez, les marchés financiers ne sont jamais en vacances. Mais vous avez peut-être le droit de prendre un peu de recul. Pour ne pas être tenus de suivre au jour le jour ce qui se passe, voici une liste d’indicateurs à suivre pour savoir, à peu près, ce qui arrive dans notre étrange monde.
1 – 61 067 le 9 juillet : c’est le nombre de nouveaux cas de personnes affectées par le Covid-19 aux États-Unis. Ce chiffre, qui était autour de 20 000 par jour mi-juin, est monté avec le déconfinement cahotique que connaît le pays. Tout le monde pense à la prévision apocalyptique du Docteur Fauci : 100 000 ! Si le chiffre actuel augmente encore, il sera perçu comme annonciateur de reconfinements et les bourses américaines vont baisser. Et les autres ?
2 – 50% pour Biden, 40% Trump ces derniers jours. Les sondages des élections américaines de novembre seront de plus en plus regardés. Les marchés lisent de plus en plus nettement les promesses de Joe Biden et craignent plus d’impôts sur les sociétés et les plus riches. Ils cherchent alors des informations sur son site officiel, mais ne trouvent rien ! Ils verront seulement des listes de dépenses nouvelles. Parler d’impôts fait en effet perdre, mais vouloir dépenser autant et ne pas en parler peut également perturber.
3 – 1 807 dollars pour une once d’or (28,4 grammes), l’indicateur de l’inquiétude globale a augmenté de 19% depuis janvier, mais comme les taux d’intérêt sont nuls, cela ne coûte rien de stocker !
4 – 3 383 et + 11% : ce sont l’indice de Shanghai et sa hausse depuis janvier. Certes les indicateurs globaux des reprises industrielles et servicielles, les fameux PMI (des indicateurs d’achats) sont utiles. On les regardera pour les États-Unis, la zone euro et surtout pour la Chine. Les marchés financiers se sont dits en effet que la reprise y est la plus forte. L’indice de la bourse de Shanghai devient alors un bon signe pour les marchés chinois bien sûr, mais est désormais perçu comme un indicateur avancé mondial – même si Donald Trump menace.
5 – 4 943, -17,5% depuis janvier. C’est le Cac 40, mieux que son point bas à 3 780, le 18 mars, signe qui ne trompe pas des effets du quantitative easing mené par la BCE ! Même si les emprunts publics français dépassent déjà ce qui a été emprunté au total l’an dernier, leur coût moyen est toujours négatif : -0,14%. Voilà des signes de confiance si l’on veut, un appui à coup sûr. Aujourd’hui en France, on note une amélioration plus forte que prévu, souhaitons que ceci continue. Mais il n’est pas évident que ceci suffise pour les membres du Cac 40 sous pression, comme les banques, les compagnies d’assurances et le pétrole.
6 – -0,14% : c’est le rendement du bon du trésor français à 10 ans, toujours négatif. On peut le comparer au -0,48% allemand : il faut payer plus pour être plus protégé. On peut surtout le comparer au +1,29% italien : il faut accepter de prendre des risques pour financer ce pays en récession (comme tous d’ailleurs) et surtout en déflation (-0,2%), sachant que la BCE est toujours là (même de plus en plus) pour racheter des bons du trésor, et que l’Union est en train de lancer un programme de soutien massif, dont ce pays devra bénéficier. Bref les investisseurs sont inquiets ou deviennent frugaux.
7 – Les indicateurs d’emploi puis d’inflation seront partout à suivre : d’emploi pour illustrer la force de la reprise, dans les services surtout, d’inflation ensuite, pour mesurer dans quelle mesure les risques de déflation seront conjurés.
8 – 10 748 : le NASDAQ a gagné 21% depuis janvier. C’est la meilleure illustration des changements qui ont eu lieu dans les modes de consommation, avec des achats directs et des livraisons à domicile et dans les modes de production, avec plus de robots et d’intelligence artificielle, autrement dit de GAFAM.
9 – Fed, BCE, BOJ, BOE, BoC : bien sûr, il faudra écouter ce que disent les grandes Banques Centrales. Au-delà des vaccins, un Nouveau Monde est en train d’apparaître, avec des chaînes de production plus courtes et plus sûres, des consommateurs mieux connectés et plus exigeants. Il passera par plus d’investissements et de formation, donc par plus de concurrence et de crédit, donc par plus de vigilance… et d’actions en bourse !