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Économies publiques et croissance peuvent faire bon ménage

croisanceLes doutes de Bruxelles. Après n’avoir rien trouvé à redire du projet de budget 2015 de la France qui lui a été remis courant octobre, la Commission européenne précise, en ce début du mois de novembre, qu’elle ne croit pas aux objectifs budgétaires fixés par Paris pour l’année prochaine. Les autorités bruxelloises estiment même que la situation va s’aggraver en 2016, éloignant d’autant le scénario d’un retour du déficit public sous les 3% du PIB en 2017. Christian SAINT-ETIENNE partage cette analyse depuis longtemps. « La situation économique de la France est catastrophique  », constate l’économiste. Et d’argumenter son propos : « Nos échanges extérieurs sont déficitaires depuis 2005. Le déficit de la balance courante a atteint près de 2% du PIB de 2011 à 2013 ; la production industrielle est tombée cette année au niveau de 1994 et la dette continue de dériver ». La détérioration ne date donc pas d’aujourd’hui.

Des efforts, mais du temps perdu. S’il reconnaît qu’un « nouveau François Hollande  » a succédé à celui du début de mandat – mettant à son actif le CICE et le Pacte de responsabilité –, Christian SAINT-ETIENNE n’en demeure pas moins critique. « La dépense publique tarde à être reprise en main. Quant aux 50 milliards d’euros de baisse annoncée, ils sont en partie un mirage car gagés sur une désindexation partielle de la dépense sociale sur l’inflation, alors que celle-ci a disparu », analyse l’économiste. Selon Christian SAINT-ETIENNE, pour redevenir crédible maintenant, il faut encore couper dans les dépenses futures en procédant à plusieurs réformes structurelles.

Trois précieux axes. Geler la dépense publique en volume pendant au moins trois ans, en poursuivant la réforme des retraites. « Pour équilibrer les régimes de retraites, il faut porter l’âge de départ à 64 ans avec une durée de cotisation de 44 ans  ». Le fondateur du cabinet Conseil Stratégique Européen propose également de réintroduire la dégressivité des allocations chômage après six mois, et de réduire la durée d’indemnisation à 18 mois. Enfin, « il est indispensable de rétablir une structure de la fiscalité du capital dans la moyenne européenne pour relancer l’investissement productif  ». Le message de Christian SAINT-ETIENNE au président de la République est on ne peut plus clair : les économies ne nuisent pas à la croissance. Au contraire.

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