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Peut-on ou veut-on changer ?

Propos introductif

Nicolas Doze, journaliste, BFM Business

La controverse est un nouveau format des Rencontres Économiques, un format de 30 minutes qui met en face-à-face deux personnes qui ne sont pas forcément d’accord sur le thème proposé. Ici, nous nous poserons la question suivante : peut-on ou veut-on changer ?

Dans la mesure où ce thème peut vouloir tout dire, nous allons forcément le borner à quelques éléments très pratiques, à la vraie vie. Nous sommes avec Jacques Aschenbroich qui a été PDG de Valeo pendant de nombreuses années, il a commencé sa carrière à Saint-Gobain et il est aujourd’hui Président du Conseil d’Orange. À ses côtés, se trouve Xavier Bertrand, Président de la Région Hauts-de-France.

Je leur ai demandé comment ils comprenaient le sujet et j’ai bien aimé la première réponse de Jacques Aschenbroich qui a été : « Attention ! Avant de changer quoi que ce soit, il y a certaines choses qu’il ne faut pas changer ». Donc, à quoi pensez-vous ?

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Synthèse

La question est davantage de savoir si nous devons changer, estime Jacques Aschenbroich. Et la réponse est « oui ». Parmi les grands changements qui ont fait évoluer la perception que les pays étrangers ont de la France, l’initiative Choose France et la French Tech sont notables. Il est toutefois essentiel pour maintenir cette dynamique de préserver la politique de l’offre actuelle. Le travail doit par ailleurs être au cœur du changement : il s’agit de trouver collectivement de quelle manière augmenter le nombre d’heures travaillées par habitant en France – le plus faible de l’OCDE – dans une société où le travail n’est pas considéré comme une valeur cardinale. Les politiques doivent adopter une position forte en ce sens. Les entreprises créent la richesse et jouent un rôle essentiel dans l’adhésion au travail et la formation ; cependant, elles ont été privées de leur compétitivité par des choix politiques passés. Parallèlement, ces mêmes politiques ne sont pas en mesure d’offrir des services publics modernes et à la hauteur des prélèvements obligatoires.

Les changements de la société doivent être profonds, déclare Xavier Bertrand. Concernant la valeur Travail en particulier, s’il a toujours été favorable au principe de travailler plus longtemps, il souligne qu’une réforme doit être juste pour être acceptée socialement. À la question de savoir si nous pouvons changer, il répond par la positive, à condition d’opérer des changements profonds dans le rapport à l’autorité, au travail et à la jeunesse. Cette évolution passe par un changement complet de la gouvernance. En ce sens, les entreprises ont également un rôle à jouer. De manière plus globale, les responsabilités sont partagées entre les politiques et les entreprises en matière d’inégalités sociales. La dépense publique doit en effet diminuer ; or, seules les collectivités locales sont aujourd’hui en capacité de le faire, et il est indispensable pour les politiques d’opérer des priorités sur les secteurs de la santé, de l’éducation et du logement. Il s’agit de diminuer les dépenses de transfert et d’augmenter les investissements sur les services publics, en faisant le choix du travail et du retour à l’emploi. Quoi qu’il en soit, emporter l’adhésion sociale est indispensable pour opérer les changements de demain.

Sur la question du financement du changement, Jacques Aschenbroich croit que le changement ne pourra être financé qu’au prix de l’inflation. Xavier Bertrand tient quant à lui à souligner la dimension internationale du sujet, notamment en ce qui concerne l’adaptation au changement climatique.

Points forts du débat

  • Jacques Aschenbroich met l’accent sur le maintien de la politique de l’offre, tandis que Xavier Bertrand appelle à des changements plus profonds, notamment en matière sociale.
  • Jacques Aschenbroich souhaite que les politiques s’engagent davantage sur la valeur Travail et favorisent le retour à la compétitivité des entreprises. Xavier Bertrand répond que les entreprises doivent proposer des postes qui correspondent aux attentes des jeunes et investir dans la formation pour réduire les inégalités.
  • Les intervenants se rejoignent sur la co-responsabilité de l’État et des entreprises dans une logique de changement.

Propositions

  • Favoriser une gouvernance davantage tournée vers les territoires, tenant compte de la manière dont les jeunes perçoivent les valeurs, en particulier celle du travail, et répondant aux exigences en matière de baisse des dépenses publiques. (Xavier Bertrand)
  • Retrouver la compétitivité perdue des entreprises en actionnant des leviers fiscaux (Jacques Aschenbroich).

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