" Osons un débat éclairé "

Les jeunesses, actrices des métamorphoses | Big2022


Retour sur la carte-blanche du Cercle des économistes à Bpifrance Inno Generation.


Crise climatique, crise sanitaire, crise Ukrainienne et maintenant crise énergétique. Depuis plusieurs années, le monde fait face à un enchaînement de crises. Les jeunesses sont aux premières loges de ces défis, mais ne comptent pas en rester spectatrices. A travers leurs engagements militants, leurs choix professionnels et leurs paroles, les métamorphoses sont déjà amorcées. Le Cercle des économistes tend l’oreille et passe le micro aux jeunesses.

 

Un engagement pour sauver des vies et changer des destins, le témoignage d’Hadja Idrissa Bah

En Afrique, les jeunesses s’engagent pour sauver des vies. Cela peut prendre plusieurs formes. Pour Hadja Idrissa Bah, ses engagements militants sont nés d’un besoin de protéger les jeunes filles guinéennes de pratiques bien trop courantes sur le continent africain. Mariages forcés, excisions ou viols ont trop longtemps été le « destin » de nombreuses jeunes filles.

Agissez ! Vous n’agissez pas ? Utilisez les réseaux sociaux ! C’est là, la nouvelle force de la jeunesse.

Comme Hadja Idrissa Bah le déplore, lorsque la jeunesse décide de s’exprimer par les canaux traditionnels, comme les manifestations, elle n’est pas écoutée. Qu’importe, les jeunesses ont de nouveaux outils pour combattre ce statu quo et se mobilisent à l’aide des réseaux sociaux. Hadja Idrissa Bah est bien décidée à se faire entendre jusqu’aux plus hautes instances internationales, jusqu’à ce qu’elle remporte son combat pour les jeunes filles.

Mais ne croyons pas que ces combats ne nous concernent pas. Pour Hadja Idrissa Bah, les problèmes des jeunesses d’Afrique peuvent devenir ceux des Européen.ne.s s’ils ne sont pas traités : comme elle l’explique, beaucoup de femmes fuyant l’Afrique pour l’Europe justifient leur demande d’asile par des violences faites aux femmes.

Alexandre Fretti, la révolution silencieuse du monde du travail

Les jeunesses européennes utilisent aussi les nouveaux outils du numérique pour changer le monde, à une échelle qu’il faudra relativiser avec certains problèmes que rencontre la jeunesse africaine. Aujourd’hui, le rapport des jeunes au travail a changé. La carrière et le statut sont moins importants que l’accomplissement personnel, explique Alexandre Fretti, directeur général de Malt. Il est donc de plus en plus difficile de motiver les jeunesses avec une mission, une fiche de poste, comme ce fut le cas à l’époque de leurs parents. Aujourd’hui, ce sont les liens, le sens et le développement qui motivent les nouvelles générations… à condition qu’ils soient sincères ! La jeunesse n’accepte plus les éléments de communication ou le greenwashing.

Notre modèle de société, celui du salarié-consommateur, a poussé à l’hyper-individualisation. Et il a vécu. Les nouvelles générations ont bien conscience que ce qui est bon pour l’individu ne l’est pas forcément pour le collectif. Or, comme le rapporte Alexandre Fretti, ce que cherchent les jeunesses, c’est un projet commun, une métamorphose collective. Pour satisfaire ce besoin de sens au sein de son entreprise, Malt a mis en place un shadow Comex, en charge sa politique d’impact, piloté par ses jeunes employés.

Les gens aspirent à reprendre le contrôle sur leur existence. Les jeunesses n’ont pas envie de se projeter sur 15 ans, elles veulent du sens maintenant.

Le freelancing se développe, car il reflète ce à quoi aspirent ces jeunes : casser le lien de subordination, ne pas avoir un patron mais un client, choisir son travail, ses heures et reprendre la main sur sa liberté professionnelle. À travers le freelancing, c’est toute une partie de la jeunesse qui exprime son rejet d’un monde du travail dans lequel elle ne se reconnaît plus, aidée par les outils numériques.

Proposer aux jeunes un outil pour s’exprimer et pour porter leur voix : le projet de Marjolaine Grondin

Les outils numériques ne servent pas uniquement aux jeunesses à s’exprimer et à changer le travail. Ils peuvent aussi servir aux générations plus âgées pour mieux écouter et mieux comprendre ces jeunesses, qui se sentent souvent ignorées et laissées sur le bord du chemin. C’est ce que rapporte Marjolaine Grondin, CEO et co-fondatrice de Jam, une plateforme conversationnelle. À l’occasion des Rencontres Économiques d’Aix-en-Provence, Jam et le Cercle des économistes ont conversé avec plus de 16 000 jeunes pour comprendre leurs attentes profondes sur des sujets comme l’environnement, la formation, le vivre-ensemble… Comme l’explique Marjolaine Grondin, le secret du succès de cette conversation réside dans la méthode employée, qui en fait un vrai échange, à l’image d’une conversation avec un ami ou un grand frère, et pas un simple sondage « notez de 1 à 5 étoiles ».

C’est une génération qui change le fond des choses, mais aussi la forme.

Que ressort-il de cette conversation ? Les façons de vivre ont été profondément bouleversées par les crises, notamment sanitaire. Avoir eu 20 ans en 2020, c’est avoir eu des rêves brisés, rencontrer ses amis derrière un écran, avoir vécu isolé seul ou chez ses parents. Mais cette génération, qui a perdu certains de ses repères, n’est pas résignée. Elle se saisit de cette opportunité pour rebattre les cartes et pour repenser son rapport au travail, à l’amour, aux autres, au voyage, au matériel. Pour Marjolaine Grondin, notre responsabilité est de créer un espace où l’on peut écouter ces jeunesses et leur donner le moyen de s’exprimer sans les caricaturer.

 


 

Pour aller plus loin et découvrir une génération engagée

Tout savoir sur « Discuter, Agir, Changer« , la grande conversation menée par le Cercle des économistes et Jam.

Revoir l’intervention d’Hadja Idrissa Bah et Marjolaine Grondin aux #REAix2022 : « Rebondir sur les nouveaux engagements de la jeunesse »

Revoir l’intervention d’Alexandre Fretti aux #REAix2022 : « Travailler demain »

Voir l’interview de Ninni Norra : « L’économie pour mobiliser la jeunesse ?« 

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