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Énergie et climat : Peut-on encore rêver d’une relance verte ?

Le 14 avril 2021, le Cercle des économistes a tenu son point conjoncture mensuel sur la thématique « Énergie et climat : peut-on encore rêver d’une relance verte ? » Quels enseignements pouvons-nous tirer de ces échanges entre Patrice Geoffron, membre du Cercle des économistes et professeur de Sciences Économiques à l’Université Paris-Dauphine, et de Philippe Chalmin, professeur d’histoire économique à l’Université Paris-Dauphine et coordinateur du CyclOpe ?

Voici notre proposition de synthèse de cet événement.

 

Quelles conséquences pour cette crise ? La fin des « 30 glorieuses de la mondialisation »

Pour Philippe Chalmin, la crise de la Covid-19 est la première crise sanitaire à avoir déclenché une crise économique mondiale, engendrant un recul du PIB de 4 à 5%. Cette crise pourrait avoir, dans l’histoire de notre planète, un impact équivalent à la crise pétrolière des années 70, provoquant un tournant idéologique, économique, en matière de politiques publiques, mais également un retour de l’État providence, et de l’État investisseur.

L’apparition de ce virus pourrait ainsi marquer la fin de ce que Philippe Chalmin appelle les « 30 glorieuses de la mondialisation » que nous pouvons dater entre 1990 et 2020.

 

Quelle réponse à cette crise ? Vers une triple relance économique, verte ET sanitaire

Une analyse des politiques publiques de relance conduites à l’échelle mondiale permet d’estimer la mobilisation de fonds publics à 20 000 milliards de dollars. Et, dans une majorité de pays, la part de ces fonds fléchés vers des actions « vertes » apparaît en réelle augmentation par rapport aux plans de relance de précédentes crises.

Cependant et comme le rappelle Patrice Geoffron, nous émettons annuellement, à l’échelle de la planète, plus de 35 milliards de tonnes de C02. Ce chiffre devrait pourtant s’élever à 5 milliards de tonnes de CO2 pour être aligné avec les Accords de Paris sur le climat. La fin annoncée des « 30 glorieuses de la mondialisation » couplée à l’éveil d’une conscience environnementale et sanitaire dans l’opinion publique, provoque une restructuration de l’architecture des politiques publiques.

En effet, pour Patrice Geoffron, ces constats conduisent à l’instauration d’un « nouveau cahier des charges » des plans relance qui doivent désormais impérativement intégrer une triple dimension économique, environnementale et sanitaire.

Une relance à la hauteur de la transition ?

C’est donc un fait, le modèle économique de nos sociétés modernes est carboné. Et le grand tournant provoqué par cette crise devrait se traduire, en matière énergétique et dans les pays « matures » par la fin de l’utilisation charbon. Une fin certaine mais progressive.

Un point d’accord se dégage entre Philippe Chalmin et Patrice Geoffron : les grands tournants de l’histoire économiques ne se sont jamais traduits par des ruptures brutales mais bien par des transitions progressives. Pour Philippe Chalmin, il semblerait même que nous pourrions prochainement disposer de tous les éléments pour pouvoir engager notre société dans une phase de transition énergétique.

Plusieurs éléments peuvent nous permettre d’espérer, à l’instar de la maturité des technologies bas carbone, ainsi que la mobilisation de certaines composantes de notre société : de la jeunesse, aux cadres, jusqu’aux acteurs majeurs de l’industrie pétrolière (BP, Shell et Total qui se sont engagés à un objectif de neutralité carbone d’ici 2050).

Nos pouvoirs publics devront cependant faire preuve d’une vigilance toute particulière et accompagner des publics cette transition, afin plus précisément d’éviter les écueils qui ont conduit à la crise des gilets jaunes.

 

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