" Osons un débat éclairé "

Que doit faire Christine Lagarde ?

Quelle feuille de route pour Christine Lagarde à la tête de la BCE ?

A court terme, pour la politique monétaire, elle n’a guère le choix. Il lui faut assumer la dernière impulsion de l’ère Draghi décidée en septembre. La politique monétaire pour la zone euro a tout donné. Il serait contreproductif d’en rajouter une couche, en rendant les taux d’intérêt encore plus négatifs (pour certains d’entre eux), en injectant encore plus de liquidités qui ne viennent pas, mécaniquement, alimenter de la consommation ou de l’investissement. Inversement, face au ralentissement de la croissance, face à une inflation encore inférieure à l’objectif, il serait prématuré pour la BCE de commencer à resserrer les boulons…Pour quelques mois, l’hypothèse du statu quo monétaire paraît plausible.

Cela ne doit pas empêcher, bien au contraire, Christine Lagarde d’ouvrir ou d’accélérer d’autres chantiers. Il lui faut, en priorité, recréer du consensus dans la zone euro, entre pays du Nord et pays du Sud. En septembre, et d’après les rumeurs, 9 membres sur les 25 que comporte le Conseil de politique monétaire de la BCE étaient contre cette dernière salve monétaire de l’ère Draghi. Certains l’ont même fait savoir publiquement. Or, face à la guerre commerciale Etats-Unis/Chine, face aux conséquences du Brexit, nous avons besoin d’une Europe plus solidaire, plus présente et plus crédible sur la scène internationale.

Un second chantier important pour la nouvelle présidente de la BCE concerne la coordination monnaie/budget dans la zone euro. Draghi et ses collègues ont « fait le job », spécialement lors du pic de la crise grecque. Il n’y a aujourd’hui plus de marge de manœuvre monétaire. Dans le respect de la division du travail et de l’indépendance de chacun, Christine Lagarde doit, avec d’autres, pousser les pays excédentaires comme l’Allemagne et les Pays-Bas à pratiquer une relance budgétaire et fiscale ; elle doit, avec d’autres, prôner l’adoption d’un vrai budget pour la zone euro. L’enjeu n’est pas ici technique, il est bien sûr politique, et il faudra compter sur son sens de la diplomatie et de la communication.

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