Depuis la dernière édition des 30 Nuances d’éco, l’actualité économique a été porteuse d’une bonne nouvelle : le net recul du taux de chômage fin 2017. Il est passé sous la barre des 9% au quatrième trimestre, poursuivant une décrue entamée en 2016 et profitant enfin du regain de croissance que connaît la France. Les observateurs restent toutefois prudents, à l’instar du Premier ministre, Edouard Philippe, qui ne veut pas se contenter en la matière d’une « petite victoire ».
Malgré un retour de la croissance, le chômage reste élevé en France. Selon Patrick Artus, « le nombre de demandeurs d’emplois serait déjà à un niveau plancher. Un niveau extrême de difficultés de recrutement est atteint et les enquêtes montrent que les entreprises connaissent plus de difficultés aujourd’hui qu’a l’été 2007 ou fin 99 ». C’est dire !
Aujourd’hui, 8,5% des actifs en France manquent de formation. C’est ce qui explique le chômage structurel. Selon Jean-Hervé Lorenzi, pour réduire cette portion de demandeurs d’emplois, il faut lutter contre l’insuffisance de formation. Il convient donc d’augmenter les qualifications, modifier profondément la formation professionnelle, développer l’apprentissage et mieux organiser les lycées professionnels. Une chose est certaine : la croissance à elle seule ne permettra pas de réduire le chômage.
Dans ce cadre, l’économie numérique représente-t-elle un réel eldorado ? Dans les pays de l’OCDE, le digital est certainement une innovation de rupture. Mais au lieu de créer de nombreux nouveaux postes, le digital emploie finalement peu de personnes. Pire, il a conduit à la bipolarisation du marché du travail, entre emplois très qualifiés et peu qualifiés.
Reste les réformes. Sur le terrain budgétaire, notamment, pour redonner de la vigueur et un socle solide à notre économie. L’augmentation de la croissance enregistrée en 2017 vient en quasi majorité de facteurs extérieurs à la France. L’effet de la politique actuelle sera peut-être visible en 2018 ou 2019. Pour l’instant, nous n’avons pas enregistré de baisse réelle de la dépense publique pour 2017, encore moins de précisions cadrées. Même la Cour des comptes doute du réel volontarisme du gouvernement de tailleur plus dans les dépenses. Or, c’est maintenant, en période d’accélération de l’économie de la zone euro, qu’il convient de prendre les bonnes mesures.
Nous pourrions citer de nombreuses autres voies de dégagement et de soutien pour l’économie française. Dans un contexte européen et international de plus en plus porteur, mais placé sous la menace potentielle de la politique fiscale américaine, susceptible d’avoir un impact direct sur le tissu productif de ce côté-ci de l’Atlantique.
Ces réflexions, propositions et solutions, vous les trouverez au fil de cette nouvelle édition des 30 Nuances d’éco, reflet des contributions, recherches et travaux menés individuellement par la trentaine de membres du Cercle des économistes. Bonne lecture.