Des crises peut ressortir le pire ou le meilleur. Sur cette ligne de crête, tout nous ramène à la question des choix, décisifs, car de ceux-ci découlent la société et le monde de demain. Ces choix seront complexes et coûteux. Ils demandent de prendre des positions fortes et argumentées. Dans ce Cahier, le Cercle des économistes a rassemblé les contributions de huit auteurs, nous montrant que pour chaque question qui se pose à nous, il est possible de faire des choix, qu’il s’agisse de l’évolution de la démographie, de la gestion des ressources naturelles, de l’atteinte du plein emploi ou encore du logement pour tous.
Cet ouvrage est le quatrième tome d’une série de quatre Cahiers des Rencontres Économiques d’Aix-en-Provence, suivant la logique qui structure le programme des 23ᵉ Rencontres : Dissiper les incertitudes, Recréer les espoirs, Faire des choix, Amorcer les rebonds.
Cette série de Cahier est publiée en collaboration avec la revue L’Hémicycle.
Sommaire
- Choix collectifs : l’espoir du courage et de la simplicité, par Anne-Marie Idrac
- Ressources naturelles et développement humain, par Katheline Schubert
- Comment faire face aux grands défis démographiques ?, par Pauline Rossi
- Pour l’industrie verte, choisir une agriculture de solutions, par Jean-Philippe Puig
- Quels choix en matière de réindustrialisation ?, par Mary-Françoise Renard
- Favoriser les bons emplois, par Stefanie Stantcheva
- Grand entretien : atteindre le plein emploi, par Louis Gallois
- Levier des politiques d’hébergement des sans abris, l’urgence génère la saturation, par le SAMUSOCIAL de Paris
Introduction par Jean-Hervé Lorenzi
Avec le choix, nous replongeons avec bonheur dans la science économique. La définition même de notre discipline, c’est la recherche de la meilleure allocation des ressources. C’est dire si derrière cette convergence si intéressante, nous nous retrouvons confrontés immédiatement à d’énormes difficultés. La meilleure allocation des ressources suppose que l’on hiérarchise les objectifs que l’on s’est fixés : développer la croissance, favoriser l’égalité des chances, fournir à chacun les moyens de se nourrir, de se loger, de se soigner, de s’éduquer. Pour le politique, c’est encore presque aussi compliqué. Il dispose d’un nombre d’instruments limités – politique budgétaire, politique monétaire, politique industrielle – avec lesquels il doit choisir les investissements à réaliser, les formations à mettre en place et les services publics à organiser. Dans le même temps, comme les économistes, il doit pour chacun de ces choix définir des objectifs à atteindre, qui correspondent à la volonté de la majorité de la population.
C’est dire si l’ensemble des textes réunis dans ce Cahier se trouve au cœur même des débats politiques et économiques, des choix de société et de notre capacité à réellement agir. Rarement le monde, et plus particulièrement l’Europe et la France, s’est trouvé confronté à de telles questions. Nous parlons inlassablement de l’inflation, tout comme nous parlions inlassablement du chômage dans les années précédentes, et nous nous trouvons confrontés à la question suivante : faut-il utiliser une politique monétaire active de manière à pouvoir réduire la hausse des prix, alors même que le risque existe que cette politique entraîne un phénomène de récession ? Le choix paraît délicat, mais il est surtout sous tendu par un débat d’économistes sur la nature même de l’inflation, telle que nous la vivons aujourd’hui. Est-ce un phénomène exogène, post-Covid, ou est-ce un mécanisme incontrôlable et endogène de course poursuite entre les prix et les salaires ?
Alors nous nous sommes lancés avec ambition et audace dans la construction de ce Cahier, comme nous allons le faire dans les 23e Rencontres Économiques d’Aix-en-Provence. Tout est évoqué. La démographie, la rareté des ressources disponibles, la volonté de relocaliser ou de redévelopper en Europe et en France des activités industrielles, les décisions à prendre pour atteindre ce fameux plein emploi, qui paraissait inaccessible il y a encore quelques années, ou pour donner à chacun un lieu de vie digne. Notre vrai choix, c’est celui de l’action fondée sur un ensemble de concepts clairement identifiés et d’analyses bien établies. A-t-on raison, a-t-on tort ? Seules des évaluations à moyen terme permettent de répondre à cette question, mais l’action n’attend pas.