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Faire de la transition énergétique la chance de l’Europe

L’Union européenne vient d’adopter in extremis une nouvelle trajectoire de décarbonation, revoyant à la baisse son ambition climatique. Pour Claire Waysand, celle-ci ne doit pas occulter le fait que la transition énergétique est pour l’Europe une nécessité stratégique autant qu’une opportunité économique. Il faut d’urgence construire une véritable Europe de l’énergie.

Les débats européens sont parfois l’arbre qui cache la forêt. Il en est ainsi du récent accord sur la trajectoire de décarbonation, trouvé in extremis avant le début de la COP30. La réduction de l’ambition climatique à horizon 2040, puisqu’il faut bien appeler un chat un chat, ne doit pas masquer le fait que l’Union européenne (UE), qui a déjà réduit ses émissions plus que toute autre grande zone, reste en pointe sur le sujet.

L’Europe a beaucoup à perdre

Pourtant, le feu couve. Si un sondage de l’ONU montre que les populations sont très en soutien de l’action climatique, le sujet peut être instrumentalisé et ce soutien ébranlé. La décarbonation de l’économie nécessite des changements d’ampleur dans la production et la consommation, avec des impacts sur les personnes, les activités et les territoires. La France connaît l’importance d’y répondre. Tant dans le débat interne qu’à la COP, l’Europe a beaucoup à gagner, ou à perdre si elle échouait.

Certains questionnent la pertinence des engagements de l’UE, qui n’émet qu’une fraction des émissions de gaz à effet de serre mondiales. C’est négliger l’importance de chaque action et de favoriser les engagements d’autres pays qui, bien qu’imparfaits, sont en train d’être pris. L’Europe, où le réchauffement devrait être plus marqué qu’en moyenne, y a particulièrement intérêt.

Faut-il pour autant sacrifier l’économie européenne ? Les débats sur la fin du moteur thermique peuvent laisser penser qu’il y a un arbitrage à faire. En réalité, s’il y a à court terme une transition à gérer et si l’attention, malheureusement tardive, de l’UE aux conditions de l’offre (et plus seulement aux cibles) est bienvenue, l’Europe a un intérêt économique de moyen terme évident à sortir de sa dépendance aux énergies fossiles.

La transition au service de la compétitivité européenne

Projetons-nous d’ici deux ou trois décennies : la transition va permettre à l’Europe de retrouver de la compétitivité. Face à un prix du gaz GNL importé structurellement deux à trois fois plus cher en Europe qu’aux Etats-Unis compte tenu des coûts de liquéfaction et de transport, le coût global des énergies renouvelables est très voisin dans les deux zones !

Ne restons pas les yeux rivés sur le rétroviseur. Si la demande d’électricité a stagné en Europe sur la période récente, le développement de l’économie nécessitera plus d’électricité du fait de nouveaux usages y compris l’IA. Développer les renouvelables, avec les moyens de flexibilité et le réseau adaptés, ce n’est pas s’opposer au nucléaire, c’est diversifier les risques, profiter de coûts compétitifs et créer des capacités électriques d’ici l’arrivée de nouvelles unités nucléaires qui mettront plus d’une décennie à être opérationnelles.

Enfin, d’ores et déjà les échanges énergétiques européens sont permanents. Continuons à construire l’Europe de l’énergie, dans le respect des diversités. C’est le meilleur moyen de tirer profit de nos complémentarités et d’éviter de surdimensionner nos systèmes. Bref, faisons de la transition énergétique une véritable chance !

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