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« L’innovation ne peut et ne doit pas devenir une fin en soi »

Les innovations de ces vingt dernières années constituent-elles une révolution industrielle ? Sans trancher le débat, soulignons qu’elles représentent une réponse
face aux grands chocs d’aujourd’hui et de demain : choc climatique, choc démographique, choc numérique. Elles portent l’exigence de transformation de nos modes de vie pour faire advenir un monde plus durable et ouvert. Elles incarnent un impératif pour notre Europe, qui accuse un retard certain face aux blocs américain et chinois… Ce phénomène, celui d’une innovation « sans fin », est devenu le moteur de notre ère économique.

L’innovation n’est ni un bloc ni un monolithe. Aux innovations « incrémentales », circonscrites à certains secteurs d’activité, répondent les innovations « de rupture », qui transforment en profondeur nos modes de pensée et nos économies. Si les innovations dites « de frontière » en matière d’IA générative concentrent les espoirs et les doutes, les chemins de l’innovation traversent tous les secteurs d’activité. Par ailleurs, plusieurs modèles d’innovation coexistent, et se pose par exemple la question de l’importance de la taille des acteurs, particulièrement en Europe. À la dimension purement créative de l’innovation, il est nécessaire d’associer la question de sa mise en œuvre et de son financement.

L’innovation ne peut et ne doit devenir une fin en soi. Il ne faudrait, à force de vouloir comme Icare trop se rapprocher du soleil, confondre innovation et progrès. Innover « à la frontière » ne signifie pas innover sans frontières. En la matière, une éthique de l’innovation reste à inventer, pour répondre aux peurs ici explorées.

Seuls deux esprits brillants et audacieux, Clément Lebourg et Alban Schneyder, rédacteurs en chef de Mermoz, pouvaient réunir autant d’intelligences pour approfondir cette thématique dans toute sa diversité. Seule l’identité fondamentalement interdisciplinaire de notre jeune revue autorisait aux regards de se croiser, de manière éclairée, optimiste et réaliste.

Parce que les Rencontres Économiques d’Aix-en-Provence auront lieu cette année dans un contexte si particulier, ce numéro de Mermoz revient sur l’ambition fondamentale de cette édition 2024 : relier les mondes. Ce rendez-vous sera le réceptacle
de la parole des jeunes, dans la continuité des projets menés ces précédentes années. Les résultats du Projet Jeunesse(s), vaste discussion entretenue pendant des mois avec 90 000 jeunes, sont à ce titre décisifs et présentés. Comme le souligne ici François
Hollande, espérons que ces jeunesses réinventeront, demain, nos démocraties.

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