Avec le durcissement des mesures sanitaires lié à la recrudescence de la pandémie de Covid-19, l’horizon de la reprise économique s’éloigne. De telles perspectives risquent d’aggraver nombre d’indicateurs, parmi lesquels les déficits commercial et public, et freiner de nouveau la consommation des ménages.
Habituée à un solde commercial structurellement négatif, la France voit son déficit commercial se creuser fortement en raison d’un effondrement des exportations et d’une dépendance accrue aux importations. La crise sanitaire a en effet lourdement impacté la mondialisation en mettant un coup de frein massif aux exportations dans des secteurs où la France est en pointe comme l’aéronautique et, dans une moindre mesure, l’automobile, l’agroalimentaire et la chimie. La baisse de la facture pétrolière ne suffit pas pour compenser le manque à gagner, d’autant plus que l’euro s’apprécie depuis plusieurs mois. La diminution des importations a été moindre que celle des exportations du fait, notamment, de la dépendance de la France aux achats de masques chinois et de matériel médical. Il en résulte un creusement du déficit commercial qui devrait se poursuivre tant que l’incertitude relative à l’évolution de la pandémie n’est pas levée.
La lutte contre le coronavirus est amenée à durer et à se durcir, de même que le recours aux caisses publiques déjà fortement sollicitées. Le déficit public ne cesse de s’accentuer, passant de 3% du PIB en 2019 à plus de 10% en 2020. Cette dégradation s’explique tout d’abord par la hausse des dépenses liées aux mesures de soutien à l’activité – indemnisation de l’activité partielle, fonds de solidarité pour les travailleurs indépendants et les très petites entreprises, annulation de cotisations sociales, etc. – et des dépenses exceptionnelles en matière sanitaire. Les recettes ont quant à elles été impactées par la baisse du PIB en valeur et de la consommation des ménages. Si la reprise de la pandémie et le reconfinement ne contribueront évidemment pas à redresser les comptes publics, ils pourraient impacter, à nouveau, la consommation et donc l’épargne des ménages.
Durant le premier confinement, la réduction des dépenses de consommation s’est traduite par l’accumulation d’un supplément d’épargne bancaire, même s’il est à souligner une forte hétérogénéité entre les ménages. Ce surcroît d’épargne concerne essentiellement les plus aisés, qui ont consommé moins de services qu’à l’accoutumée, alors que les ménages les moins favorisés ont concentré leur consommation sur les biens de première nécessité et n’ont pas épargné plus. Quoiqu’il en soit, si une partie de l’excédent d’épargne avait été réintroduite dans le circuit économique lors du déconfinement, le rebond de la consommation qui s’en est suivi est mis à mal par la reprise de la pandémie et le reconfinement. L’incertitude étant particulièrement forte aujourd’hui, l’épargne accumulée peut ne pas être réinjectée dans l’économie sous la forme de dépenses additionnelles et, au contraire, se transformer en épargne de précaution.
Au total, si des signes de reprise de l’activité économique étaient effectivement à l’œuvre ces derniers mois, le regain actuel de la pandémie affecte cette dynamique et rend tout particulièrement difficile le choix d’un scénario de sortie de crise à privilégier. Dans tous les cas, celui-ci devra s’appuyer sur une politique économique à même de créer de la confiance en l’avenir pour relancer durablement l’économie.