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Faut-il augmenter les impôts en France ?

Le débat consiste à éclairer les responsables politiques sur les conséquences économiques potentielles des mesures fiscales qu’ils envisagent et sur les conditions de leur succès au regard du programme mis en oeuvre, estime Philippe Trainar.

Depuis la dissolution, la fiscalité s’est trouvée propulsée au coeur de nos débats politiques . Les économistes n’ont pas manqué d’apporter leur contribution. Mais quel peut être leur apport à un débat qui, contrairement aux apparences, est moins économique que politique ?

Il consiste en fait à éclairer les responsables politiques sur les conséquences économiques potentielles des mesures fiscales qu’ils envisagent et sur les conditions de leur succès au regard du programme mis en oeuvre. Le Cercle des économistes s’est livré à ce travail dans le prochain numéro de sa revue trimestrielle « Mermoz », à paraître fin octobre.

Consensus

Les voix en faveur d’une hausse des impôts n’ont clairement pas manqué au cours de ces derniers mois. La logique économique sous-jacente est simple. La France a plus ou moins perdu la maîtrise de ses finances publiques. Le déficit public et la dette publique devraient atteindre respectivement 6 % et 114 % du PIB en 2024 contre 4 % et 110 % prévus en fin d’année dernière.

Cette situation n’est pas soutenable économiquement, sachant les conséquences désastreuses d’une dette publique excessive. Elle ne l’est pas plus politiquement, sachant que nous sommes sous procédure européenne de déficit excessif, qui nous oblige à fournir un plan et un calendrier de mesures crédible pour diminuer le poids de notre dette et ramener rapidement notre déficit public sous les 3 % de PIB. Et, pour une fois, ce constat fait consensus en France.

Justice sociale

Pour faire face à cette situation d’urgence, la hausse des impôts constitue une solution économique simple à gérer et rapide à mettre en oeuvre, contrairement à la baisse des dépenses publiques. En outre, les conséquences récessives d’une hausse des impôts sont moindres, à court terme, que celles d’une baisse des dépenses, qui passe obligatoirement par la baisse des prestations sociales et des salaires publics, et qui pèse donc directement et intégralement sur la consommation et sur l’activité.

Enfin, au vu des indicateurs d’inégalités, il reste encore, en France, une marge non négligeable pour rejoindre le niveau de justice sociale qui est celui de certains pays nordiques. Partant de ce constat, nombre d’économistes font valoir qu’en taxant plus les Français les plus fortunés, on pourrait lever suffisamment de recettes pour remettre nos finances publiques sur une trajectoire soutenable, sans peser sur la consommation des Français.

Un choix politique

A l’opposé de ces arguments, on peut faire valoir que le niveau de nos dépenses publiques et de nos prélèvements obligatoires est le plus élevé de l’OCDE , qu’il reste sur une pente ascendante et qu’il demeure supérieur à ce qu’il était avant le Covid ; des arguments qui militeraient plutôt en faveur d’une baisse des impôts et des dépenses. En outre, les prélèvements sur les plus fortunés sont parmi les plus lourds au monde. Tout cela sans contrepartie évidente au niveau de la croissance et de la justice sociale.

« Alors, hausse des impôts ou baisse des dépenses publiques et sociales ? La réponse à cette question ne résulte pas d’une fatalité économique mais d’un choix politique cohérent.« 

Ajoutons que les études empiriques récentes montrent que les plans de redressement fondés sur une hausse de la fiscalité sont, en moyenne, sur le long terme, plus coûteux en termes d’activité que ceux reposant sur une baisse des dépenses. Elles font aussi ressortir que la France pourrait être l’un des pays les plus affectés, en termes de baisse des investissements et de perte de productivité, par une hausse des impôts.

Alors, hausse des impôts ou baisse des dépenses publiques et sociales ? La réponse à cette question ne résulte pas d’une fatalité économique mais d’un choix politique cohérent, dont les conséquences économiques doivent être pleinement assumées.

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