La récente annonce de la fiabilité à plus de 90% du vaccin contre le Covid-19 a suscité un vrai engouement sur les marchés financiers. Pour les laboratoires concernés, mais aussi d’autres valeurs et secteurs grâce aux perspectives offertes. Pour Jean-Paul Betbeze, la reprise ne sera pas immédiate, les difficultés ne sont pas encore toutes écartées.
Les bourses vont-elles cesser de broyer du noir, avec ces premières nouvelles de vaccins efficaces et bientôt disponibles, tandis que le virus continue son avance (500 000 cas par jour dans le monde) et que les tensions politiques demeurent ? Telle est la question, notamment avec l’arrivée de l’équipe Biden et les membres de son équipe chargés de l’économie, de la finance, et de l’épidémie. Les marchés financiers se demandent s’ils seront modérés (comme Lael Brainard, qui passerait de la Fed au Trésor) ou non, par exemple Elisabeth Warren (crainte avec ses positions radicales en matière de fiscalité et de régulation), tandis que la situation en Europe ne s’éclaircit pas.
D’abord, l’arrivée des vaccins a remonté le moral des marchés : il était temps. Le titre Moderna passe de 20 dollars en janvier 2019 à 70 début novembre, puis à 100 le 16 novembre, avant de repasser actuellement autour de 93 : l’annonce du succès de son vaccin contre le COVID-19 est passée par là ! Pfizer, pourtant un peu en avance dans l’annonce, a vécu une moindre envolée. Le titre passe ainsi de 33 dollars avant l’annonce de la découverte à un maximum de 42 (au moment où Moderna gagnait des sommets), pour revenir actuellement à 36 dollars. La cote d’amour paraît être allée à la jeune start up.
Les marchés saluent ce vaccin créé en quelques mois, alors qu’il fallait des années auparavant, grâce à des techniques informatiques révolutionnaires, chez cette nouvelle née. Pfizer paraît plus classique, même si le vaccin suit cette même informatique révolutionnaire, mais son administration semble plus compliquée : il doit être gardé à -70° contre -20° pour le vaccin Moderna. On croit savoir aussi qu’une dose du vaccin Moderna coûterait 50 dollars, sachant qu’il en faut deux, contre 39 dollars pour Pfizer, pour deux doses aussi. Ces prix sont élevés, au moins au début. Ils baisseront avec la production industrielle des doses, en supposant que tout se passe bien, aux plans sanitaire, technique et surtout psychologique : il faut que le vaccin soit accepté.
Ensuite les bourses, Nasdaq d’abord, ont salué Pfizer et Moderna, en attendant des dizaines d’autres vaccins annoncés, pour satisfaire une demande mondiale en termes de production et de distribution. Ceci a infléchi les inquiétudes sur la résurgence du virus et le ralentissement de l’économie. Le ciel s’est éclairci et la bourse a ainsi salué les valeurs de la santé, qui étaient auparavant jugées sûres mais sans plus, par rapport aux valeurs technologiques et informatiques qui devaient tout bouleverser. De fait, Moderna et Pfizer, c’est l’informatique dans la santé ! Ce sont alors les anticipations qui changent, en se disant qu’une reprise va se mettre en place, vaccin contre virus, ce qui est mieux que masque contre virus, sachant que l’arrivée de Biden devient plutôt un apaisement.
Mais rien ne sera immédiat : il y aura des difficultés et des concentrations dans les entreprises, car le virus et « l’effet Trump » pèseront sur les esprits, les comportements d’investissement et de consommation. L’évolution du prix du pétrole montre ces mouvements : le prix du baril monte avec la nouvelle, puis se calme avec l’idée que la reprise n’est pas là, le vaccin non plus, tandis que la décarbonation avance. Preuve : l’OPEP ne va pas produire plus.
Le grand gagnant de cette série d’événements est le progrès de la médecine et, plus généralement, l’accélération des innovations partout, dans la santé, dans l’automobile avec Tesla, dans la logistique qui va bouleverser la distribution et dans l’extension du télétravail qui va chambouler et améliorer les structures de production. Bref, le vaccin, c’est bon pour tous ceux qui bougent ! La bourse va les chercher.