Alors que le taux de chômage a bondit au troisième trimestre de 2020, des nouveaux licenciements sont à craindre à l’issue de la crise sanitaire. Les jeunes seront les plus touchés.
En régime de croisière le taux d’emploi des jeunes français est très inférieur à celui des danois, des britanniques, des américains ou des allemands. Cette faiblesse s’explique en partie parce qu’ils sont peu nombreux à travailler en parallèle de leurs études. Il n’y a, hélas, pas de culture du job d’étudiant dans notre pays. D’autre part, elle s’explique par le fait qu’un million d’entre eux ne sont ni en emploi, ni en formation, ni en étude. On les appelle sinistrement les NEET.
Si le chômage des jeunes est le double de celui de la population, le taux d’emploi des diplômés du supérieur -plus de 80 % trois ans après l’obtention du diplôme- est comparable à celui des actifs plus expérimentés. En revanche ce taux chute à 30% pour ceux qui n’ont pas dépassé le collège, ce qui est le cas de 42% des NEETs. Parmi eux sont surreprésentés des jeunes sans qualification, issus de l’immigration et ayant des parents au chômage.
Entre la contraction de l’offre et l’arrivée simultanée de deux cohortes, celle de 2020 (750 000 primo-arrivant) et celle de 2021 sur le marché du travail, l’entrée dans la vie active de la génération Covid-19 va être compliquée. L’expérience de 2008 montre qu’elle se fera par le biais de conditions salariales dégradées et que les jeunes sans diplôme seront les plus impactés. Or notre pays se distingue par un système scolaire très inégalitaire, le pire de l’OCDE en science. La crise sanitaire n’a rien arrangé. Du fait de la fracture numérique beaucoup, parmi les plus modestes, ont décroché des études pendant le confinement.
Outre l’origine sociale, le sexe joue un rôle déterminant dans l’échec scolaire et donc dans le risque d’être au chômage. Les femmes, qui représentent 60% des bacheliers et des diplômés du supérieur, seront, comme en 2008, moins impactées par la crise que les hommes.
Avec le plan « 1 jeune, 1 solution », le gouvernement veut prendre en compte l’hétérogénéité de la jeunesse française. Au-delà d’une intention louable, se pose la question de sa capacité à le faire.
Avant la crise, Pôle Emploi peinait à appareiller les demandeurs d’emploi avec les offres de secteurs sous tension. Quant à l’éducation nationale c’est un monolithe qui ignore le monde de l’entreprise et est incapable de gérer la diversité. Il est choquant, à l’heure où l’algorithmique permet d’offrir une expérience individualisée de l’accès à la culture ou à la consommation, qu’elle n’ait pas mis à profit ces nouvelles technologies pour suivre en continu et de manière personnalisée les progrès de chaque élève français.
Les décrochages se font très tôt, dès la maternelle et le primaire. Ils sont prévisibles. Les garçons, surtout ceux issus de milieux défavorisés, sont plus à risque que les autres. Ils coûtent cher au contribuable (minimas sociaux, délinquance). En plus d’être injustes, ils sont inefficaces car il prive la société Française de talents qui ne s’épanouissent jamais, la contraignant à choisir son élite parmi le groupe restreint des enfants de milieux favorisés. Epaulés par leur famille, ces derniers surmonteront la crise sans trop de difficulté. Ce n’est pas le cas pour les jeunes français moins bien nés.
Voilà tout l’enjeu de la journée de débats ouvert à tous, organisée par le Cercle des économistes, le jeudi 10 Décembre en ligne et en direct « Comment éviter une génération sacrifiée ? » à suivre sur le site du Cercle des économistes.