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Les marches de l’escalier budgétaire 2026

Le bon gouvernement est celui qui réussit à rassembler les citoyens. C’est tout l’enjeu de la préparation du prochain budget, qui doit éviter les postures sur les coupes claires dans la dépense publique, estime Françoise Benhamou.

De l’aveu de la porte-parole du gouvernement, la préparation du budget 2026 sera « un cauchemar ». Elle démarre dès à présent. Dans quel état d’esprit ? C’est souvent du côté de la culture que l’on peut tester les mouvements de la société. Dès décembre 2024 (et pour 2025), la présidente de la région Pays de la Loire, Christelle Morançais (Horizons), se vantait de « s’attaquer à un secteur que personne n’osait affronter jusqu’alors », en annonçant une baisse de 62 % des aides au fonctionnement d’environ 500 lieux, initiatives et projets culturels.

L’affaire fit grand bruit, d’autant que le ministère de la Culture n’entendait pas compenser ces coupes. Des initiatives sont abandonnées, des lieux emblématiques doivent renoncer à une part de leur programmation. Et c’est à un schéma analogue qu’il faut préparer les esprits, mais avec plus de doigté, de nuances dans les choix à opérer, et une vision plus claire des transformations à venir à moyen terme.

Equation impossible ?

Car depuis cette annonce, les bruits de botte se sont intensifiés, les menaces de l’administration Trump se sont précisées, les perspectives de croissance sont revues à la baisse, et la dette continue de se creuser. Malgré cela, 35 % des Français souhaitent en priorité, selon l’Ifop, une hausse de leur pouvoir d’achat, dans la perspective d’une future élection présidentielle. Equation impossible ?

Pour grimper l’escalier abrupt de la préparation du budget, il faut procéder avec plus de doigté et de respect des citoyens que ne le fit Christelle Morançais. Premièrement, expliquer sincèrement les données budgétaires et les contraintes existantes. Deuxièmement, énoncer avec clarté le contexte et les perspectives : investissements verts nécessaires, en phase avec les préconisations du rapport Pisani Ferry-Mahfouz (mais pas nécessairement avec leur solution d’impôt dit provisoire, dont on peut parier qu’il serait définitif), effort de défense montant à plus de 3 % du PIB, à la mesure de l’alourdissement des tensions géopolitiques.

« Il faut combiner un véritable effort de productivité dans la sphère publique […] et la renonciation aux projets les moins pertinents. »

Françoise Benhamou

Troisièmement, il faut en venir aux moyens, dans trois directions au moins : augmenter le taux d’emploi, mieux répartir l’effort fiscal, sachant qu’on peut difficilement en accroître le taux (en 2023, le poids des prélèvements obligatoires en France était de 51,3 % du PIB, contre 45,9 % pour la moyenne européenne), et réduire les dépenses publiques (qui se sont montées l’an passé à 57,1 % du PIB). 

Pour ce faire, il faut combiner un véritable effort de productivité dans la sphère publique, une juste hiérarchisation des priorités en évitant l’opposition frontale entre le social et le militaire, qui revient à clore la question avant même de l’avoir posée, et la renonciation aux projets les moins pertinents. Autant de marches d’escalier à monter sans trébucher.

A Sienne, on peut admirer sur les murs du Palazzo Pubblico les fresques de Lorenzetti peintes au XIVe siècle, qui illustrent les effets du bon et du mauvais gouvernement. On voit le malheur des peuples qui sont sous la coupe du mauvais gouvernement. Le bon gouvernement est celui qui réussit à rassembler les citoyens.

Construire un projet autour d’un effort mieux partagé, qui reçoive l’assentiment d’un maximum de nos concitoyens malgré l’insoutenable légèreté de nombre de responsables de partis politiques, tel est le défi que le gouvernement doit affronter dans l’élaboration du futur budget.



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