Continuer à accroître l’emploi des 55-64 ans est à notre portée afin d’augmenter les recettes du système des retraites en France.
Malgré la mise en place d’une nouvelle réforme des retraites en 2023, le débat autour de cette dernière ne s’est toujours pas dissipé. La faute à un vieillissement de la population française toujours d’actualité. Le rapport 2024 du Conseil d’orientation des retraites (COR) montrait que le système des retraites allait être déficitaire dès 2024 à hauteur de 0,3 point de PIB (8 milliards d’euros). Et d’ajouter que ce déficit se stabiliserait à 0,8 point de PIB (22 milliards d’euros) à partir de 2045.
Comme expliqué dans le rapport, ce déficit n’est pas dû à une explosion de la part des dépenses de retraites – cette dernière va même se réduire – mais à une réduction progressive de la part des recettes. La solution n’est pas alors l’épineux sujet d’une réduction des dépenses de retraites. Il s’agit plutôt de trouver des leviers qui pourraient nous permettre de stimuler les recettes du régime des retraites.
Depuis 2022, la chaire « Transition Démographique Transition Economique » (TDTE) estime que taux d’emploi des 55-64 ans est trop faible. Bien qu’il progresse d’années en années, le taux d’emploi de cette tranche d’âge en France (58 % en 2023) reste inférieur à la moyenne de l’Union européenne (63 %) et à nos voisins Allemands (73 %) ou Suédois (77 %).
Un levier actionnable
Continuer à accroître l’emploi des seniors est un premier levier actionnable, et à notre portée, afin d’augmenter les recettes du système des retraites en France. La chaire avait montré qu’une hausse de 10 points du taux d’emploi des seniors nous permettrait de générer 5,8 milliards d’euros de cotisations retraites en plus à horizon 2032. Cela donnerait également la possibilité de réduire mécaniquement les dépenses avec le décalage de l’ouverture des droits d’une partie de la population.
Le sujet n’est pas de proposer une nouvelle mesure d’âge. Pour cause, l’âge effectif de départ à la retraite était déjà à 62 ans et 8 mois en 2022 et la réforme de 2023 ne devrait le repousser que de 6 mois. Il s’agit plutôt de cibler la population ni en emploi, ni à la retraite, ni au chômage. Les chiffres de l’enquête Emploi 2021 de l’Insee montrent qu’entre 15 % et 24 % des 55-62 ans ne sont ni en emploi, ni à la retraite, ni au chômage et que pour près de 50 % d’entre eux, ce n’est pas lié à une situation de handicap ou à des problèmes de santé.
Des mesures d’accompagnement à mettre en place
Cela représente plus de 580.000 personnes chez les 55-62 ans auxquels on peut rajouter près de 300.000 chômeurs pour la même tranche d’âge. Pour cette population, les mesures d’âge sont illusoires pour augmenter leur taux d’activité. Il faut plutôt opter pour des mesures d’accompagnement au retour à l’emploi. D’où l’importance des négociations en cours entre les partenaires sociaux sur l’emploi des seniors.
Une solution complémentaire est de se concentrer sur ce qui maintient les seniors en emploi. Les réponses à cette question sont assez similaires à ce qu’on trouve pour les autres générations : la satisfaction dans le travail et la notion de sens. Une étude américaine réalisée avant Covid montrait d’ailleurs que des horaires flexibles, une réduction des temps de trajet, une augmentation de la part de social et une baisse de la part d’effort physique et cognitif permettaient d’augmenter le nombre de travailleurs après… 70 ans. Si l’on parle beaucoup, à juste titre, de l’importance des conditions de travail pour les plus jeunes générations, il ne faut pas délaisser leur importance chez les travailleurs les plus expérimentés.