Les Rencontres économiques du Cercle des économistes se sont tenues il y a quelques jours dans un format exceptionnel puisque réalisées dans les studios de la Maison de la Radio et réunissant 350 de participants venus de 31 pays, notamment les dirigeants de toutes les centrales syndicales et des représentants les partis politiques. Il y a eu également une participation très forte d’associations et de syndicats étudiants.
La première leçon est d’ordre méthodologique. Oui les Français veulent vraiment que s’instaure un débat notamment à propos du plan de relance proposé en Septembre. Ensuite, chacun comprend bien qu’il y a des mesures d’urgence et des axes de propositions plus structurelles pour l’évolution de la société française. Faisons attention à ce qu’il n’y ait pas de confusion entre elles, ce qui suppose un calendrier très rigoureux.
La seconde leçon porte sur les urgences. Il y en a trois. Après la période de protection, très bien gérée par les pouvoirs publics, de nouvelles difficultés vont apparaître à partir de septembre. 700 000 jeunes vont arriver sur le marché du travail et ne pas faire des propositions audacieuses dans ce domaine est vraisemblablement un risque majeur. C’est la raison pour laquelle nous avons demandé au MEDEF, à la CPME et à l’U2P de s’engager avant fin juillet afin que les entreprises, celles qui ne sont pas en difficulté, recrutent au minimum un jeune en fin d’études. Ce recrutement serait pris en charge totalement ou partiellement par l’Etat pour une durée d’un an, dans l’esprit de ce que font les britanniques. Pour ceux n’ayant pas pu bénéficier de ce dispositif, nous proposons de poursuivre une formation pour une durée d’un an tout en étant rémunérés au RSA. Enfin, pour les jeunes peu qualifiés, multiplier toutes les formations de requalification, CNAM, écoles de la seconde chance, etc.
La seconde urgence consiste à limiter le nombre de faillites et de protéger les entreprises viables de cette contrainte majeure de remboursement des prêts garantis par l’Etat, de fait de court terme. Nous avons donc proposé d’annuler le remboursement des intérêts des prêts garantis, et de reporter le début du remboursement du capital de la dette à un minimum de 5 ans. La démarche aujourd’hui proposée, transformer les prêts en quasi fonds propres est trop complexe et inadaptée au calendrier.
La troisième urgence est de relancer de manière massive le secteur du logement, pour faciliter aux jeunes actifs notamment l’achat de leur logement. Pour cela il nous faut baisser ou au minimum lutter contre la hausse des prix de l’immobilier en régulant le prix du foncier, en allongeant la durée des prêts immobiliers, en supprimant la TVA pour la première acquisition et en organisant des opérations de démantèlement entre foncier et bâti, et, ou entre usufruit et nue-propriété.
Enfin la troisième leçon porte plus sur le long terme, c’est-à-dire en fait, sur la mise en œuvre des transitions écologiques, numériques et sociales. Le grand obstacle des années à venir sera celui du financement les infrastructures nouvelles dont la rentabilité apparaitra faible pour les épargnants. Aussi il nous faut réconcilier l’exigence de rentabilité des marchés financiers et la faible rentabilité des projets de long terme. Il faut donc associer les financements privés et publics car l’exigence de rentabilité sera moins forte pour les seconds. L’essentiel, de fait, est de garantir l’épargne souvent, celle des seniors car sinon celle-ci fuira tout risque.
La prise en considération de ces trois leçons est une condition nécessaire au succès du plan de relance.