Pour Jean-Hervé Lorenzi, cela fait longtemps qu’un grand nombre d’économistes affirme que l’Afrique sera le continent du 21ème Siècle.
Les raisons sont bien connues : les terres arables, les ressources minières non exploitées, la transition démographique qui fera passer la population de 1,3 milliards d’habitants en 2019 à 2,5 milliards en 2050. Ce sont tous des atouts mais on peut légitiment penser que tout cela comporte bien des difficultés. La démographie est à la fois source de jeunesse, d’innovation et d’énergie mais elle peut représenter un frein aux équilibres sociaux donc économiques. Mais surtout, l’Afrique aujourd’hui, quelles qu’en soient ses perspectives positives, manque cruellement d’infrastructures en matière d’eau d’énergie, de transports et de mobilité, de formation et d’accès aux technologies numériques. Je suis donc pour ma part convaincu de l’absolue nécessité d’un investissement massif du reste du Monde dans cet extraordinaire ensemble de 54 pays.
Mais plus encore, je suis convaincu que si le ralentissement de l’économie mondiale se confirmait, suivi par des dérèglements financiers puis macroéconomiques importants, une large partie de la solution consisterait à s’appuyer sur ce continent. C’est ailleurs dans les faits ce que l’on constate dans les investissements massifs que jouent la Chine, l’Inde et la Russie, qui ont compris à quel point c’était important pour leur propre avenir.
L’Afrique est aujourd’hui prête à tous ces bouleversements et de nombreux pays connaissent déjà une évolution très rapide. On parle beaucoup de la formidable organisation du Rwanda, la forte croissance de l’Ethiopie, du Kenya… Mais un autre pays a très largement amorcée une trajectoire positive, c’est le Sénégal. C’est la raison pour laquelle le Fonds Monétaire international, la Présidence du Sénégal et le Cercle des économistes ont décidé de consacrer une journée -le 2 décembre- au thème suivant : « Développent durable et dette soutenable, trouver le juste équilibre ».
De notre point de vue, Il faudra, à terme, au moins doubler le montant des investissements en infrastructures, permettre l’accès aux plus grand nombre à l’énergie, à l’eau potable, à la formation. Les pays africains sont rapides et efficaces dans leur capacité à mettre en valeur, comme on peut le voir dans la remarquable percée technologique dans le domaine de la banque numérique et dans l’utilisation des nouveaux moyens de communication. Mais, en fait, il faut aller beaucoup plus loin : il s’agit de lancer un véritable plan exceptionnel sur une quinzaine d’années qui comme toujours démontrera que l’investissement massif, pour peu qu’il soit accompagné des formations nécessaires à sa bonne utilisation et à sa bonne maintenance, donne des résultats très positifs.
Il importe que cette approche du doublement soit loin d’être exclusivement financière, et qu’elle donne des priorités absolues comme l’utilisation de toutes les capacités agricoles du continent et le transport dans des conditions satisfaisantes, rapides et efficaces de ces produits agricoles. Peut-être faut-il également envisager des protections douanières temporaires qui ne feront que contrebalancer les subventions généralisées que les grands pays producteurs utilisent pour asseoir leur leadership sur ces marchés.
Mais avant tout cela suppose de donner les moyens en eau et électricité répartis sur cet immense territoire ; idée à l’époque qui fut si bien développée par Jean-Louis Borloo. Alors on s’apercevra que l’Afrique sera pour tous, un élément clé d’une trajectoire équilibrée de la croissance mondiale et un appui majeur pour l’économie française.