Sur un modèle proche des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, Singapour va réunir cette semaine des économistes, représentants d’entreprises et praticiens de l’action publique des deux continents.
Si les différences font la richesse d’un dialogue, les Rencontres économiques de Singapour qui se tiendront les 14 et 15 mars promettent d’être fructueuses. Co-organisées par le Cercle des économistes, la Société d’Economie de Singapour et la Lee Kuan Yew School of Public Policy de l’université de Singapour, sur un modèle proche des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, elles réuniront économistes, représentants d’entreprises et praticiens de l’action publique des deux continents pour échanger sur des questions liées à la mondialisation.
Stratégiquement placée à l’entrée du détroit de Malacca, Singapour est le deuxième port mondial pour les conteneurs en 2017, après Shanghai (avec un volume d’activité deux fois et demie supérieur à celui de Rotterdam, premier port européen) et l’une des plus importantes places financières du monde.
Avec 5,6 millions d’habitants dont près de 40 % d’étrangers, un PIB par habitant en pouvoir d’achat au 3e rang mondial, Singapour a, depuis son indépendance en 1965, construit sa prospérité sur les échanges internationaux, sur une montée en gamme de son industrie, sur le recours à la main-d’oeuvre étrangère et sur son attractivité pour les capitaux étrangers. Singapour est dotée d’une fiscalité faible , pour les ménages comme pour les entreprises, et ses progrès en matière de transparence financière sont récents .
Mondialisation qui fonctionne
Si Singapour présente une dépendance croissante commerciale, financière et même touristique vis-à-vis de la Chine, qui absorbe, avec Hong Kong, plus du quart de ses exportations, l’hypothèse d’une possible déconnexion entre l’Asie et le reste du monde, que certains avaient émise il y a une dizaine d’années, a fait long feu. Sous l’action de la crise financière et de la contraction du commerce mondial qui en a résulté, l’économie singapourienne a brutalement ralenti en 2008-2009, témoignant du fait que les chaînes de valeur mondialisées créent des interdépendances à l’échelle planétaire. C’est dire combien le maintien de l’ouverture aux échanges est crucial vu de Singapour.
La mondialisation suscite pourtant des interrogations, en Europe et ailleurs. Elles ne doivent pas être ignorées, faute de devenir l’apanage de ceux qui jouent sur les craintes et qui prônent le repli.
Si le développement des échanges et la propagation des progrès, en particulier médicaux, ont contribué à fortement réduire la pauvreté dans le monde et améliorer les indicateurs sociaux, si le commerce mondial a incontestablement bénéficié aux consommateurs, la mondialisation s’accompagne dans le même temps d’interrogations, qui appellent des réponses.
Le creusement des inégalités dans certains pays en développement, qui va parfois de pair avec des conditions sociales ou environnementales indécentes. La capacité des chocs financiers à se propager, au risque de déstabiliser notamment des économies émergentes. Une concurrence fiscale qui réduit la capacité des Etats à taxer les bases fiscales les plus mobiles et fait reposer un poids accru sur les ménages et les entreprises les moins aptes à recourir à l’optimisation. Une innovation qui crée des champions en position dominante, dotés d’un accès inédit aux données individuelles. La difficulté de « s’occup[er] des perdants », que l’action conjuguée de l’insertion de pays peuplés, à coûts salariaux très faibles, dans le commerce mondial et du progrès technique prive de leur emploi, pointée par Olivier Blanchard, ancien chef économiste du FMI peu suspect de défendre le protectionnisme…
Parce que nous sommes convaincus que, plus que jamais, nous avons besoin de trouver des solutions à l’échelle mondiale pour relever des défis communs – au premier rang desquels le réchauffement climatique -, nous devons trouver, ensemble, les moyens d’une mondialisation qui fonctionne. Pour tous.