« Agir face aux dérèglements du monde ». Le thème des XXèmes Rencontres du Cercle des économistes ce week-end à Paris avait été choisi à l’automne dernier. La pandémie et ses effets économiques le rendent encore plus pertinent.
Au plan international, le constat est net. Face au Covid 19, la gouvernance mondiale a été inexistante. Qu’a fait le G20 depuis février ? Rien. L’OMS ? Guère plus. La guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, au cœur des soubresauts de l’économie mondiale depuis Trump, n’aide pas. Il faut y ajouter l’ambiguïté de la Russie, la non-transparence de la Chine, les effets dramatiques de la pandémie en Amérique latine, les négociations laborieuses du Brexit…
N’en jetez plus ! Avec le retour des frontières et l’envie de plus de souveraineté nationale (cf. les premières mesures en faveur des relocalisations), on voit s’amorcer des fragments de « démondialisation ». A mon avis, le mouvement n’ira pas très loin : la division internationale du travail comporte de nombreux avantages, et les nouvelles technologies poussent à la globalisation. Plutôt que de prétendre « détricoter » la mondialisation, il vaudrait mieux essayer de « tricoter » une vraie gouvernance mondiale. L’accent mis sur la lutte contre le changement climatique devrait y pousser. On peut toujours rêver !
Face à la pandémie, la gouvernance européenne s’est révélée, heureusement, meilleure que la gouvernance mondiale. Elle vient en appui des plans de sauvetage et de relance décidés par les Etats de l’UE. En plus des liquidités injectées par la BCE, plus « open bar » que jamais, l’Europe a déjà mis sur la table un soutien de 540 milliards d’euros afin, non pas d’empêcher la casse prévue (faillites d’entreprises, montée du chômage), mais pour la limiter.
Le sommet européen des 17-18 juillet va être décisif pour la relance en Europe, y compris dans sa dimension écologique. Car il s’agit d’avaliser une enveloppe supplémentaire de 750 milliards d’euros. Souhaitons que le couple franco-allemand, totalement soudé en la matière, parvienne à lever les dernières résistances des pays « frugaux », en particulier des Pays-Bas.