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Euro fort : l’incendie n’est pas terminé

Agnès Bénassy-Quéré

Agnès Bénassy-Quéré

L’Eurogroupe mobilisé. Le niveau élevé actuel de monnaie unique est inscrit à l’ordre du jour de la réunion des 17 pays membres de l’Eurogroupe lundi 11 et mardi 12 février à Bruxelles. Frein à nos exportations, la cherté de l’euro face au dollar devient un vrai sujet d’inquiétude, notamment pour les pays du Sud de l’Europe. Récemment, en relativisant la situation économique du Vieux continent que beaucoup voient en sortie de crise, le Président de la Banque Centrale Européenne, Mario Dragui, a quelque peu calmé l’ardeur des opérateurs de marché et l’euro est reparti légèrement à la baise face au dollar. Mais selon Agnès BENASSY-QUERE : « l’incendie n’est pas terminé. L’euro fort lié à une inflation faible empêche les ajustements dont la zone euro a besoin ». Et l’économiste de souligner « ne pas être inquiète » car la BCE veille au grain.

Paradoxe. Comme le souligne Agnès BENASSY-QUERE, l’euro est plus bas aujourd’hui qu’il ne le fut au début de la crise en 2008. Mais en six mois, la devise a gagné plus de 10% pour atteindre 1, 37 dollar début février. « Ce qui interroge le plus c’est sa tendance à s’apprécier, en contradiction avec le souhait des européens. Nous avons un euro fort en période de croissance faible », constate la Présidente déléguée du Conseil d’analyse économique dans la dernière livraison du Journal du Dimanche. Mais attention au contre coup : un euro déprécié renchérirait immédiatement les prix du pétrole et des matières premières.

Internationalisation de la réflexion. Quelques jours après l’Eurogroupe à Bruxelles, ce sont les pays membres du G20 qui se réuniront, à Moscou, en fin de semaine. Le sujet reviendra certainement sur la table. Car, selon Agnès BENASSY-QUERE : « la situation a évolué au niveau mondial. Le système monétaire est toujours centré sur le dollar alors que l’économie est devenue multipolaire. Cela implique aujourd’hui une plus grande coordination au sein des grands pays ». Le gouvernement français est sur la même longueur d’onde. Au prochain G20 on parlera de l’euro, certes, mais aussi du Yen, du yuan, du dollar et… de la livre sterling.

Le 12 février 2013

 

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