Recommandations

Afin d’intégrer pleinement dans le débat économique les problématiques multiples des 18-30 ans, le Cercle des économistes a invité une centaine de jeunes à participer à 3 groupes de travail autour de ces thématiques, pour leur permettre de formuler des 16 recommandations concrètes à destination du grand public mais également des 400 intervenants du programme des Rencontres, journalistes, économistes…

Découvrez les propositions sur les trois thèmes : Egalité des chances, « Une seule santé », Action citoyenne.


Egalité des chances


1. Dédier un après-midi par semaine à des activités manuelles et associatives au collège et au lycée

CONSTAT | La réalité socio-économique en France met en lumière une inégalité persistante : il faut généralement six générations pour qu’un enfant issu d’un milieu défavorisé puisse atteindre un niveau socio-économique plus élevé. Cette observation souligne l’importance de l’environnement familial dans la détermination des trajectoires individuelles. De plus, des obstacles tels que l’accès limité à l’information, la stigmatisation des filières professionnelles et la survalorisation des études longues entravent la mobilité sociale des jeunes en difficulté et créent un plafond de verre pour de nombreux jeunes.

PROPOSITION COMPLÈTE | En valorisant les métiers artisanaux et les filières professionnelles et en encourageant les pratiques culturelles et manuelles dans le cadre scolaire, on pourrait susciter des vocations chez des jeunes, trop peu informés sur ces cursus, souvent en raison de leur environnement familial. Cela nécessiterait une réduction des cours théoriques/techniques pour faire de cet après-midi une activité courante. Cette approche contribue à diversifier les parcours éducatifs et à réduire les disparités sociales. Cette solution vise principalement les jeunes en filières professionnelles et ceux en marge de la société. Pour la concrétiser, un partenariat avec le ministère de l’Éducation, en lien avec les associations, les entreprises et la Chambre des Métiers et de l’Artisanat français, est nécessaire.

NOTE DU CERCLE | L’instauration d’un après-midi hebdomadaire consacré aux activités manuelles et associatives dans les collèges et lycées français toucherait environ 5,5 millions d’élèves, favorisant ainsi le développement de leurs compétences pratiques et artistiques. Cette initiative pourrait revaloriser les métiers artisanaux et les filières professionnelles, contribuant à rééquilibrer l’offre et la demande de main-d’œuvre dans ces secteurs. Selon l’Assemblée permanente des chambres de métiers et de l’artisanat (APCMA), 150 000 emplois sont à pourvoir chaque année dans l’artisanat. Cette mesure pourrait également encourager le développement des compétences transversales recherchées sur le marché et spécifiques à ces filières, et jugées essentielles par les employeurs pour s’adapter aux évolutions du marché du travail selon France Travail.

2. Instaurer dans les collèges de zones défavorisées un parcours éducatif spécifique, avec des sorties culturelles et des voyages scolaires à l’étranger dans le but de combler le déficit culturel qui pénalise certains élèves

CONSTAT | D’après l’INSEE, seuls 33% des enfants d’ouvriers poursuivent des études supérieures, tandis que ce chiffre grimpe à 60% pour les enfants de cadres. Cette disparité est encore plus prononcée dans certains territoires, tels que la Seine-Saint-Denis, où l’accès aux études supérieures est particulièrement difficile. En effet, on n’y dénombre pas moins de 75 Quartiers Prioritaires de la Politique de la Ville (QPPV) répartis sur 35 communes. De nombreuses solutions ont déjà été envisagées, telles que l’octroi de subventions supplémentaires aux écoles concernées ou l’augmentation du nombre d’enseignants par classe. Cependant, malgré ces initiatives, des problématiques persistent toujours, notamment une carence culturelle qui entrave l’accès à l’éducation.

PROPOSITION COMPLÈTE | Ce programme inclurait des sorties régulières et la possibilité d’organiser des voyages scolaires à l’étranger ainsi que des programmes d’échanges. Avant d’étendre cette initiative à d’autres régions, une phase de test est recommandée en Seine-Saint-Denis et en zones rurales. L’idée de ce parcours est de systématiser des sorties culturelles pour les élèves, ce qui enrichirait leur culture générale de manière ludique et leur permettrait d’ouvrir d’autres horizons non accessibles dans leur famille. Par exemple, il serait envisageable d’établir des partenariats avec des entreprises ou des associations culturelles locales pour organiser ces ateliers. En complément de ces sorties culturelles, nous envisageons la possibilité de mettre en place des voyages scolaires à l’étranger dans ces écoles. Pour concrétiser cette initiative, nous pourrions solliciter des fonds européens, participer à des appels à projets régionaux, faire appel au ministère de l’Éducation et collaborer avec des associations et des entreprises locales.

NOTE DU CERCLE | En France, les Réseaux d’Éducation Prioritaire (REP) rassemblent environ 1,5 million d’élèves dans des zones défavorisées, urbaines sensibles ou rurales. Pour pallier le déficit culturel et socio-économique entravant l’accès à l’éducation, instaurer un parcours éducatif spécifique dans les collèges REP, incluant sorties régulières et voyages scolaires à l’étranger, est primordial. Cette initiative s’inscrit dans la lignée du Plan École-Entreprise et de la réforme « 100% de réussite au CP » déployée en REP depuis 2017. Ce programme pourrait contribuer à valoriser les territoires défavorisés en démontrant le potentiel de réussite des élèves, quelle que soit leur origine socio-économique, ces derniers représentant une part importante des jeunes Français, en favorisant la mobilité sociale des élèves issus des classes les plus défavorisées, contribuant ainsi à la réduction des inégalités, et au renouvellement de la confiance dans le système éducatif comme voie d’ascension sociale.

3. Créer une plateforme en ligne à usage des établissements scolaires qui centraliserait les ressources et dispositifs proposés par les acteurs locaux afin d’enrichir leurs projets éducatifs

CONSTAT | Les établissements scolaires font face à un manque significatif de visibilité sur les ressources disponibles au niveau local, avec seulement 20% des écoles ayant un accès direct et régulièrement mis à jour aux initiatives communautaires et aux programmes de soutien. En outre, il existe un déficit de communication systématique entre les établissements scolaires et les acteurs privés et associatifs : environ 35% des écoles rapportent des difficultés à établir un dialogue constructif et continu avec ces partenaires locaux. Ce manque de coordination entrave la capacité des écoles à intégrer des ressources extérieures dans leurs projets éducatifs, ce qui pourrait enrichir considérablement l’apprentissage et le développement des élèves.

PROPOSITION COMPLÈTE | Pour pallier ce problème, il est recommandé de développer une plateforme ressource en ligne destinée aux établissements scolaires, où les acteurs locaux, tant privés qu’associatifs, pourraient déposer des informations sur leurs dispositifs et programmes en mettant toujours les données à jour. Les écoles pourraient alors facilement accéder à ces ressources lors de l’élaboration de leurs projets pédagogiques et extra-scolaires. La plateforme favoriserait également le dialogue et la collaboration entre les écoles et les acteurs locaux, contribuant ainsi à une meilleure intégration des initiatives communautaires dans les programmes scolaires et à une valorisation des opportunités locales.

NOTE DU CERCLE | En France, où plus de 60 000 établissements scolaires sont répartis sur tout le territoire, le développement d’une plateforme en ligne centralisée faciliterait l’accès aux ressources et dispositifs proposés par les acteurs locaux, favorisant ainsi la collaboration et l’enrichissement des projets éducatifs. Selon une enquête menée par Ifop en 2019, 78 % des enseignants estiment que la collaboration avec les acteurs locaux est importante pour améliorer la qualité de l’enseignement. Sur le plan économique, cette plateforme encouragerait le développement de partenariats public-privé et les investissements locaux dans l’éducation, tout en aidant les entreprises à mieux comprendre les besoins des établissements scolaires. Une étude de la Banque mondiale révèle qu’une augmentation de 10 % des partenariats public-privé dans l’éducation peut entraîner une hausse de 0,6 % du PIB par habitant, soit une hausse non négligeable en ces temps de faible croissance, en allant vers une plus grande synergie entre employeurs et système éducatif pour insérer au mieux les jeunes dans l’emploi. Selon le ministère de l’Éducation nationale, en 2019, 20 % des élèves en éducation prioritaire n’avaient pas accès aux mêmes ressources éducatives que les autres élèves. Cette initiative peut s’inscrire dans la lignée du plan « Territoires éducatifs ruraux » lancé en 2020, qui vise à renforcer la coopération entre les acteurs locaux et les établissements scolaires en milieu rural.

4. Développer un programme de parrainage entre jeunes et salariés pour les épauler dans leur orientation professionnelle, avec notamment des séances d’échanges approfondis

CONSTAT | En dépit des efforts déployés pour les atténuer, les problèmes de mobilité sociale subsistent en France, pesant particulièrement sur les jeunes. Outre les inégalités économiques et territoriales qui persistent malgré les efforts déployés, d’autres facteurs viennent renforcer cette situation. Le système éducatif notamment, bien que visant à l’égalité des chances, peine parfois à fournir des ressources équitables à tous les élèves, contribuant ainsi à perpétuer les inégalités socio-économiques. Les jeunes sont également confrontés à des discriminations liées à leur origine sociale, leur ethnie ou leur genre, qui entravent davantage leurs opportunités de mobilité sociale. Dans ce contexte, l’accès à l’information sur l’orientation est crucial, car il permet aux jeunes de prendre des décisions éclairées quant à leur avenir professionnel malgré ces obstacles.

PROPOSITION COMPLÈTE | Nous recommandons la création d’un programme de mentorat intégrant à la fois des jeunes et des adultes au sein des établissements scolaires. Ce programme serait axé sur le soutien à l’orientation professionnelle des jeunes. Parallèlement, nous proposons l’organisation régulière de séances d’échanges entre des professionnels issus d’entreprises ou d’associations et les jeunes, afin de les éclairer dans leurs choix d’orientation. Cette approche de mentorat permettrait aux jeunes d’accéder directement à des conseils concrets et à une meilleure compréhension des opportunités qui se présentent à eux, tout en favorisant des interactions bénéfiques entre différentes générations et professions. En initiant ce système dès le collège, les jeunes pourraient bénéficier d’un accompagnement continu tout au long de leur parcours scolaire, favorisant ainsi une meilleure préparation à leur future carrière.

NOTE DU CERCLE | Avec environ 2,8 millions d’élèves inscrits dans les lycées, ce programme permettrait aux jeunes d’explorer divers secteurs et métiers, élargissant ainsi leurs perspectives de carrière. Les séances d’échanges entre salariés et jeunes contribueraient au développement de compétences clés telles que la communication et la résolution de problèmes. En motivant les élèves à s’investir dans leur avenir professionnel, une dynamique de l’emploi s’instaurerait, à contre-courant de la conjoncture actuelle défavorable à l’emploi des jeunes. Cela permettrait également de réduire le chômage des jeunes, ces derniers étant les plus touchés, en favorisant leur insertion professionnelle grâce à des conseils et un soutien adapté. Cette démarche s’inscrit dans la lignée du plan « 1 jeune, 1 solution » lancé en 2020, qui vise à offrir des solutions concrètes aux jeunes en matière d’emploi, de formation et d’orientation professionnelle, et s’inscrit non seulement dans un objectif d’emploi pour les jeunes, mais permettrait de mieux maintenir tout le système de protection sociale, fortement dépendante du nombre d’actifs en emploi.

5. Proposer un programme national « Apprendre à apprendre » pour équiper les jeunes de compétences interpersonnelles et méthodologiques, favorisant ainsi leur égalité d’accès à l’intégration sociale et professionnelle

CONSTAT | Il est fondamental que tous les jeunes disposent des mêmes outils pour garantir une égalité d’accès à l’intégration sociale et professionnelle. Actuellement, des disparités significatives subsistent : environ 30% des jeunes issus de milieux défavorisés estiment ne pas avoir les mêmes opportunités de développement de compétences que leurs pairs de milieux plus favorisés. De plus, 40% des employeurs identifient un manque de compétences interpersonnelles chez les jeunes entrant sur le marché du travail, et 25% rapportent des insuffisances en termes de méthodologie de travail efficace. Ces chiffres mettent en évidence un besoin urgent d’égaliser le terrain de jeu pour tous les jeunes, quelle que soit leur origine socio-économique.

PROPOSITION COMPLÈTE | Pour répondre à ces défis, nous proposons de mettre en œuvre un programme national « Apprendre à apprendre », destiné à accompagner les jeunes dans le développement de compétences interpersonnelles et de méthodologies de travail, tout en donnant en amont l’envie aux jeunes d’acquérir ces compétences. Ce programme inclurait des ateliers, des mentorats et des modules de formation en ligne, adaptés aux besoins spécifiques de divers groupes de jeunes. Il s’agirait également de collaborer avec des écoles, des universités et des employeurs pour assurer une transition harmonieuse du système éducatif vers le marché du travail, tout en promouvant une approche holistique de l’éducation qui valorise autant les compétences techniques que les compétences sociales.

NOTE DU CERCLE | En France, où l’éducation joue un rôle clé dans la formation des citoyens et l’accès à l’emploi, la proposition d’un programme national « Apprendre à apprendre » répondrait au besoin croissant d’équiper les jeunes de compétences interpersonnelles et méthodologiques essentielles. Selon les résultats du PISA 2018, 18% des élèves ont un bas niveau de compréhension de l’écrit et de lecture, révélant un déficit dans le développement de ces compétences. Ce programme aurait des impacts positifs tant sur le plan économique que social. Économiquement, en renforçant chez les jeunes des compétences fondamentales comme le sens de la communication, de l’écoute, de la gestion des conflits ou de l’esprit d’équipe. Il contribuerait à former une main-d’œuvre plus qualifiée et adaptable, prête à relever les défis de l’économie moderne. Selon une étude de France Stratégie, 10 % d’augmentation des compétences cognitives et socio-émotionnelles des jeunes pourrait accroître le PIB de 1,1 % à long terme. Socialement, il favoriserait l’égalité des chances en offrant à tous les jeunes, quel que soit leur milieu, l’opportunité de développer des compétences essentielles pour réussir. Les effets prévus incluent l’acquisition de compétences clés, le renforcement de la confiance en soi, la promotion de l’égalité des chances, et la préparation à la vie active. Ce programme s’inscrit dans la lignée du plan « École de la confiance » lancé en 2017, qui vise à renforcer les compétences fondamentales des élèves et à promouvoir l’égalité des chances.


« Une seule santé »


6. Mettre en place des programmes de formation continue autour de la transition écologique pour développer les compétences et ainsi mieux répondre aux enjeux environnementaux propres à chaque métier

CONSTAT | 70% des jeunes seraient prêts à abandonner un emploi si les entreprises ne montrent pas suffisamment responsables. Les entreprises rencontrent actuellement des difficultés à attirer et à retenir les talents. Pourtant, en France, la transition écologique pourrait créer jusqu’à 340 000 emplois. Le déficit de compétences dans les entreprises en matière de savoir-faire sur les sujets environnementaux est une réalité et il est impératif d’agir dès maintenant. La transformation d’une entreprise ne repose pas uniquement sur un profil RSE. La formation initiale pourrait adapter les compétences, outiller les métiers aux enjeux environnementaux. Notre observation met en lumière l’importance des compétences au sein des métiers et des filières de l’entreprise. Ce sont les métiers et les individus qui concrétisent les décisions, qui détiennent le pouvoir de choix en matière de transformations des pratiques. Par exemple, dans le domaine du codage des systèmes d’information, il est possible d’adopter des approches plus légères. Dans ce cas, les individus se forment pour faire évoluer leur métier.

PROPOSITION COMPLÈTE | Notre proposition consiste, avec le soutien de l’ADEME, de France travail, de France Compétences, du DPI, de la CCI et d’autres acteurs de la formation et de la prospective des métiers de demain, à offrir des programmes de formation continue. L’objectif est de transformer les métiers et les secteurs existants, permettant ainsi à chacun d’acquérir les compétences nécessaires pour prendre des décisions éclairées sur le plan écologique au quotidien et de manière ludique. Cette formation donnera lieu à l’obtention d’un diplôme.

NOTE DU CERCLE | Les programmes de formation continue orientés vers la transition écologique s’intègrent dans les récentes réformes françaises, en particulier dans le contexte du Plan de Relance pour la Transition Écologique. Destinés à divers publics, couvrant toutes les catégories socioprofessionnelles, ces programmes visent à répondre aux défis écologiques propres à chaque secteur. D’après les chiffres du Ministère du Travail, environ 3 millions de personnes pourraient bénéficier de ces formations d’ici 2025. Sur le plan économique, un euro investi dans la formation écologique pourrait générer jusqu’à cinq euros de valeur ajoutée, favorisant ainsi une croissance économique pérenne. En outre, ils permettent aux travailleurs de participer activement à la lutte contre le changement climatique en prenant des décisions éclairées dans leur vie professionnelle, contribuant ainsi à une société plus durable et résiliente, renforçant l’adaptabilité de la société française face à cet enjeu majeur. Cette initiative pourrait s’inscrire dans la lignée du plan France Relance, qui prévoit une enveloppe de 30 milliards d’euros pour la transition écologique, ainsi que du dispositif FNE-Formation renforcé, qui a permis à plus de 1,3 million de salariés de bénéficier d’une formation en 2020.

7. Créer un challenge environnemental à impact direct (CEID) pour inciter les jeunes salariés à s’engager dans la protection de l’environnement au sein des entreprises

CONSTAT | 54% des jeunes sont prêts à s’engager dans la protection de la santé de la planète. Pendant les Rencontres, des acteurs économiques, souvent confrontés à des difficultés de recrutement parmi les jeunes, seront présents. Faciliter l’engagement des jeunes salariés est essentiel, étant donné le nombre important de jeunes actifs travaillant au sein des structures économiques. Nous ciblons spécifiquement les salariés de moins de 35 ans désireux de s’engager, en associant la direction générale. Il est essentiel que ces actions soient valorisées, afin de susciter l’intérêt des entreprises pour les mettre en œuvre.

PROPOSITION COMPLÈTE | Mettre en place un CEID : un challenge environnemental à impact direct. En interne, cela ne représenterait pas un coût élevé. L’entreprise décide ainsi d’allouer une salle de réunion une fois par mois à une promotion de salariés désireux de provoquer des changements, tout en restant sous contrôle du directeur général qui choisit le thème environnemental pour la promotion des salariés de l’année. Par exemple, dans le secteur du transport, cela pourrait concerner des initiatives visant à réduire les émissions des voitures de fonction. Ainsi, les salariés auront l’opportunité de se réunir deux jours par mois pendant toute une année pour réfléchir ensemble, puis présenter leurs recommandations. Avec ce système, la direction montre une réelle écoute et une implication, favorisant un dialogue, semblable à un « graduate programme environnemental ». La taille de la promotion varie en fonction de celle de l’entreprise, favorisant ainsi une approche de co-construction et de dialogue.

NOTE DU CERCLE | Créer un CEID s’inscrit dans une approche innovante pour impliquer activement les jeunes salariés dans la protection de l’environnement au sein des entreprises, en réponse à l’urgence climatique. Cette initiative se concentre particulièrement sur les travailleurs de la génération Y et Z, qui démontrent un engagement plus marqué que leurs aînés pour les enjeux environnementaux, près de 70% des jeunes actifs seraient prêts à renoncer à un poste dans une entreprise qui ne les satisferait pas dans sa prise en compte des enjeux écologiques. En instaurant des CEID, les entreprises pourraient non seulement satisfaire cette demande grandissante, mais également tirer profit de retombées économiques significatives. En effet, la part des financements consacrés à la transition environnementale ne représente que 11% du budget total de R&D en France, soit 5,5 milliards d’euros. Cela permettrait donc de gonfler l’innovation et mettre les entreprises françaises sur la voie de la transition environnementale par le progrès et la compétitivité.

8. Promouvoir l’utilisation des circuits courts dans les cantines d’entreprise pour améliorer la nutrition des salariés, soutenir l’agriculture locale et la santé au travail

CONSTAT | Face à la crise actuelle de l’agriculture, caractérisée par des difficultés d’approvisionnement et des impacts environnementaux significatifs, l’importance de soutenir les circuits courts se fait de plus en plus ressentir. Les entreprises qui intègrent des cantines internes sont particulièrement bien placées pour impacter positivement cet écosystème. L’alimentation, reconnue comme un pilier essentiel de la santé, joue un rôle crucial dans le bien-être des salariés. En effet, 70% des salariés estiment que l’offre alimentaire au travail influence leur santé. Or, seulement 15% des cantines d’entreprise en France utilisent principalement des produits issus des circuits courts. L’adoption de ces pratiques peut non seulement renforcer l’écosystème local mais également servir d’atout dans la stratégie de marque employeur des entreprises. De plus, des études montrent qu’une meilleure nutrition au travail peut réduire l’absentéisme jusqu’à 27% et augmenter la productivité de 20%.

PROPOSITION COMPLÈTE | Il est donc proposé de démocratiser l’utilisation des circuits courts dans les cantines d’entreprise. Cette initiative devrait impliquer une collaboration étroite entre les entreprises, les producteurs locaux et les autorités publiques pour faciliter cette transition. Il serait bénéfique de mettre en place des incitations fiscales pour les entreprises qui s’engagent dans cette voie, ainsi que des programmes de formation pour les gestionnaires de cantine sur les avantages et la gestion des approvisionnements locaux. Parallèlement, une campagne nationale pourrait être lancée pour sensibiliser à l’importance des circuits courts, tant pour la santé des individus que pour celle de l’économie locale. L’objectif à long terme serait d’améliorer la santé globale des salariés tout en soutenant l’agriculture locale et durable.

NOTE DU CERCLE | L’étude de l’Agence Bio révèle que 48% des consommateurs de produits bio privilégient les circuits courts pour leur alimentation lorsqu’ils y ont accès. En encourageant les entreprises à s’approvisionner localement, cette initiative bénéficierait aux 450 000 exploitations agricoles françaises, dynamisant l’économie régionale et réduisant l’empreinte carbone liée aux transports des denrées alimentaires. Selon le Bureau International du Travail, une alimentation saine et équilibrée peut accroître la productivité des salariés jusqu’à 20% et réduire l’absentéisme de 19%. Ainsi, les économies potentielles pour les entreprises sont considérables. Cette mesure s’inscrit dans la lignée de la loi EGAlim, qui vise à développer l’utilisation de produits locaux et durables dans la restauration collective. En favorisant une alimentation de qualité, respectueuse de l’environnement et bénéfique pour la santé, la promotion des circuits courts dans les cantines d’entreprise représenterait une avancée majeure pour les salariés, les agriculteurs, les entreprises et l’environnement.

9. Proposer aux jeunes actifs un « package santé globale » incluant une couverture élargie à leurs besoins spécifiques

CONSTAT | Les jeunes actifs, souvent dans leur premier emploi, sont considérés comme juniors pendant trois ans. Ainsi, ils peuvent être soumis à une limite salariale pour l’éligibilité à certaines aides. Malgré une focalisation des programmes de santé sur les seniors, les jeunes actifs, qui représentent environ 20% de la population active, rencontrent des difficultés notables pour accéder à des soins de santé appropriés et à une nutrition adéquate. Cette tranche d’âge fait face à un déficit marqué de dispositifs adaptés à leurs besoins spécifiques, ce qui rend l’accès aux prestations de santé non seulement difficile mais aussi onéreux. Environ 30% des jeunes actifs rapportent avoir renoncé à des soins médicaux pour des raisons financières, notamment les coûts liés aux services essentiels comme les licences sportives, les consultations psychologiques ou les conseils en nutrition. Ces dépenses pèsent significativement sur leurs finances. De plus, le statut de jeune actif n’est pas spécifiquement reconnu par les régimes de sécurité sociale, ajoutant une couche supplémentaire de complexité à leur accès aux soins de santé. Ces chiffres soulignent la nécessité d’une intervention ciblée pour améliorer l’accès et la qualité des soins pour les jeunes actifs.

PROPOSITION COMPLÈTE | Pour remédier à ces déficits, il serait judicieux de proposer un « package santé globale » spécialement conçu pour les salariés jeunes actifs. Ce package, offert en complément des couvertures mutualistes existantes, devrait offrir une couverture étendue englobant les frais habituellement non remboursés. Il pourrait inclure la prise en charge de licences sportives, facilitant ainsi l’accès à des activités physiques régulières, essentielles au bien-être physique et mental. La mise en œuvre de ce package nécessiterait une collaboration étroite entre les entreprises, l’État et les acteurs des écosystèmes de santé, chacun contribuant à élaborer et à financer ce programme. Cette initiative améliorerait non seulement la santé et le bien-être des jeunes actifs mais renforcerait également leur productivité et leur engagement envers leur emploi.

NOTE DU CERCLE | Le package santé global destiné aux jeunes actifs, comprenant une couverture élargie pour des services non remboursés et des activités physiques, répond aux besoins de cette population en améliorant leur bien-être et leur productivité au travail. Près des deux tiers des jeunes déclarent être stressés et sous pression, quand 34% d’entre eux ont un mode de vie sédentaire qui entraîne un surpoids ou de l’obésité. En proposant une couverture médicale étendue, ce package cible spécifiquement les besoins souvent négligés de cette tranche d’âge. Cet investissement n’est pas sans retombées pour les entreprises et la société dans son ensemble puisque 1 euro investi dans la prévention et la santé des salariés génère de 3 à 5 euros de bénéfices supplémentaires pour l’employeur, grâce à une augmentation de la productivité et une réduction de l’absentéisme selon Horizon Santé Travail. En définitive, un package santé globale pour les jeunes actifs améliorerait non seulement leur bien-être individuel, mais contribuerait également à une culture d’entreprise axée sur la santé et le bien-être, favorisant un environnement de travail plus équilibré et productif. Cette initiative s’inscrit dans la lignée actuellement en place du plan « Ma santé 2022 » et du dispositif « Sophrologie et Méditation en Entreprise » soutenu par le ministère du Travail.

10. Instaurer une politique de transparence obligatoire pour les mutuelles, avec des informations claires et accessibles sur les prestations de santé, pour permettre aux jeunes de prendre des décisions éclairées concernant leur bien-être

CONSTAT | L’accès aux prestations sociales et aux dispositifs de santé est souvent complexe et peu transparent, ce qui rend difficile pour les individus, notamment les jeunes débutant leur vie autonome, de se saisir pleinement des aides auxquelles ils ont droit. En effet, seulement 40% des jeunes adultes sont conscients de tous les dispositifs de santé auxquels ils pourraient prétendre. Cette méconnaissance est exacerbée par un sentiment général parmi les jeunes, qui perçoivent que les mutuelles ne mettent pas volontairement en avant certains dispositifs afin de réduire la consommation de ces services. De plus, une étude récente montre que 50% des jeunes ne se sentent pas en bonne santé physique ou mentale, ce qui souligne l’urgence d’améliorer l’accès et la visibilité des prestations disponibles.

PROPOSITION COMPLÈTE | Il est crucial d’instaurer une politique de transparence obligatoire concernant les droits et les prestations disponibles pour les ayants droit. Les mutuelles et autres organismes de santé doivent s’engager à fournir des informations claires, précises et facilement accessibles sur les dispositifs auxquels les bénéficiaires ont droit, ainsi que les conditions d’accès à ces services. Cette initiative devrait inclure le développement de plateformes numériques intuitives et la mise en place de campagnes d’information ciblées pour garantir que chaque jeune puisse prendre des décisions éclairées concernant sa santé et son bien-être. Ce faisant, on espère non seulement améliorer la santé des jeunes mais aussi renforcer leur confiance dans les systèmes de santé et de protection sociale.

NOTE DU CERCLE | Face à la complexité du choix d’une mutuelle, de nombreux jeunes souscrivent à des contrats ne répondant pas à leurs besoins. Près de 30% des moins de 30 ans éprouvent des difficultés à comprendre leur contrat de mutuelle. En garantissant la transparence des prestations de santé, cette politique permettrait aux jeunes de comparer efficacement les offres et de choisir celle qui correspond le mieux à leurs besoins spécifiques. Cette mesure s’inscrit dans la lignée de la loi du 14 juillet 2019 relative à l’organisation et à la transformation du système de santé, qui vise à améliorer l’accès aux soins et à renforcer la transparence de l’information. Une plus grande transparence inciterait également les mutuelles à améliorer la qualité de leurs services et à proposer des offres plus compétitives, stimulant ainsi la concurrence et l’innovation dans le secteur de la santé. En définitive, une politique de transparence obligatoire pour les mutuelles bénéficierait tant aux jeunes qu’à l’ensemble de la population, en renforçant la confiance dans le système de santé et en favorisant une prise de décision éclairée pour une meilleure protection sociale.


Action citoyenne


11. Consacrer un après-midi par mois au bénévolat pour sensibiliser les collégiens en suscitant des rencontres avec des associations locales

CONSTAT | 58% des jeunes considèrent qu’ils manquent de temps pour s’engager plus. Si on se concentre sur les élèves collégiens en particulier, l’organisation de leurs semaines semble effectivement peu propice à trouver l’espace pour l’engagement local. Prenons l’exemple de la distribution alimentaire : les jours et heures de distribution sont basés sur un modèle bénévole pensé pour des personnes disponibles en journée, majoritairement retraités. Or, le bénévolat associatif diminue depuis 2010. Cette diminution concerne toutes les générations, mais surtout les plus âgés. La forte baisse observée en janvier 2022 est liée notamment à la crise du Covid-19. Cette baisse semble durable chez les plus de 50 ans, tandis qu’on observe une reprise du bénévolat associatif chez les plus jeunes en 2023. (Source : INJEP) Et si faire naître la flamme de l’engagement bénévole dès le collège était une des solutions pour recruter les nouveaux ambassadeurs de la solidarité ?

PROPOSITION COMPLÈTE | À l’échelle du département, nous conseillons de mettre en place un dispositif de mise en relation entre les associations locales et les collèges afin de permettre aux jeunes de découvrir des associations à l’occasion d’un mercredi après-midi par mois. Un appel à candidature serait effectué sur le site du département afin de recruter des associations qui s’engagent à aller à la rencontre des jeunes une fois par mois sur un programme d’un an. Les associations passeraient chaque mois dans un collège différent. La participation des collèges serait volontaire et un comité d’organisation serait mis en place dans chaque collège intéressé, composé de professeurs et/ou surveillants rémunérés dans le cadre des HSA/HSE (heures supplémentaires). Lors de chaque session de rencontre collégiens / associations, une activité “type” bénévole serait proposée afin de présenter aux jeunes de nombreuses manières de s’engager pour les autres et pour l’environnement (collectes de déchets, préparation de repas, échanges avec des personnes âgées…).

NOTE DU CERCLE | Permettre aux 3,3 millions de collégiens en France de participer à des activités bénévoles, augmentant ainsi significativement la participation bénévole, actuellement estimée à 20 millions de bénévoles toutes tranches d’âge confondues. Valorisé à 16 milliards d’euros annuellement, le bénévolat a un impact économique notable et pourrait inculquer des valeurs de solidarité et de civisme aux jeunes. Les effets escomptés pourraient permettre le développement personnel et les compétences sociales, la réduction du décrochage scolaire (1,2 milliard d’euros de coût annuel), un impact social accru pour les associations et ONG, une plus grande cohésion sociale et des économies pour les services publics dans des domaines tels que l’aide sociale, l’environnement ou la culture. De plus, elle permettrait de pallier l’effondrement du nombre de bénévoles, ces derniers étant pour beaucoup issus d’une population vieillissante. Cette initiative, en phase avec la réforme du collège de 2016 encourageant l’engagement citoyen des élèves, promet des retombées économiques et sociales durables, augmentant la valeur ajoutée du bénévolat et contribuant à une société plus intégrée et solidaire.

12. Rendre obligatoire un « parcours citoyen » dans les lycées et collèges (11-18 ans) dans le but d’expérimenter sur le terrain l’engagement civique et démocratique

CONSTAT | 44% des jeunes s’estiment avant tout citoyens français, mais ne se sentent pas représentés politiquement (63%). Pourtant, 21% des jeunes ne sont pas engagés : ils ne savent pas comment traduire leur engagement citoyen. Le manque de représentativité délite le sentiment d’appartenance à l’exercice de la politique en France. Les jeunes connaissent de moins en moins les bases de la République et de la culture française.

PROPOSITION COMPLÈTE | Mettre en place un parcours citoyen par collège et lycée permettant la rencontre entre les élus, des visites institutionnelles et apprendre sur le terrain les rouages de l’exercice politique à la française. Ce programme serait un moyen de connecter l’éducation nationale et les acteurs politiques et associatifs. Des médiateurs citoyens seraient nommés pour chapeauter le dispositif par établissement. Cette mesure viserait à s’intéresser aussi au thème de l’égalité des chances en permettant aux jeunes de rencontrer des pairs qui leur permettent de se projeter et d’incarner au mieux leur formation : par exemple des élus de QPV.

NOTE DU CERCLE | Cette mesure vise à impliquer environ 5,5 millions d’élèves dans les écoles secondaires en France, augmentant leur engagement civique et leur compréhension des mécanismes politiques. Selon le baromètre confiance 2024 du Cevipof, les deux tiers des Français jugent que la démocratie fonctionne mal, témoignant d’une rupture entre citoyens et institutions. Les effets attendus incluent une participation électorale accrue, une réduction des coûts sociaux, une amélioration de la cohésion sociale, une valorisation des élus locaux, et des économies à long terme. En outre, ce parcours citoyen obligatoire pourrait contribuer à lutter contre le sentiment d’exclusion et de désillusion politique chez les jeunes, qui sont de plus en plus nombreux à se détourner des urnes. Le taux d’abstention chez les 18-24 ans a atteint 73 % lors des élections européennes de 2019, contre 49 % pour l’ensemble de la population. En facilitant la rencontre entre les élus et la jeunesse, ce programme pourrait aider à réduire ce fossé et à renforcer la confiance dans les institutions démocratiques. Le parcours citoyen obligatoire dans les lycées et collèges pourrait ainsi venir compléter et renforcer ces actions, en offrant aux jeunes une expérience concrète et directe de la démocratie et de l’engagement politique.

13. Réconcilier les jeunes, citoyens en devenir, avec les institutions en proposant un « parcours citoyen » piloté par des élus locaux

CONSTAT | 63% des jeunes ne se sentent pas représentés en politique. Cela représente plus de 18 jeunes d’une classe de 25, c’est trop, et cela témoigne d’une déconnexion entre les jeunesses actuelles et les institutions. Nous pensons que l’origine de ce désengagement est là et qu’il faut imaginer des solutions dès les plus jeunes années du citoyen afin de reconstruire le sentiment de citoyenneté.

PROPOSITION COMPLÈTE | Nous souhaitons proposer la mise en place d’un “parcours citoyen” obligatoire de 11 à 18 ans, qui serait pensé autour d’un concept peu innovant, certes, pourtant tellement central dans la manière de se construire : la rencontre ! L’objectif serait de faciliter la rencontre entre les élus locaux et les citoyens en herbe, afin d’expliquer le rôle des institutions, des différentes échelles de compétence, et ainsi de créer un sentiment d’appartenance. Cela se traduirait par deux approches : d’une part avec la venue d’acteurs locaux institutionnels dans les écoles, et d’autre part via la visite des élèves des établissements de la vie publique locale (mairie, conseils départementaux et régionaux…). Ce parcours serait suivi par les professeurs référents sur le sujet d’éducation civique et pourrait amener les jeunes qui ont été le plus touchés à s’intéresser aux expériences pratiquées dans les conseils municipaux et régionaux. L’aspect obligatoire de la découverte des institutions permettrait effectivement de s’assurer davantage de diversité au sein de ces conseils juniors, souvent connus des milieux sociaux et culturels déjà politisés et engagés.

NOTE DU CERCLE | Ce parcours vise à réconcilier environ 5,5 millions de jeunes dans les écoles secondaires françaises avec les institutions, en un temps où l’abstention électorale chez les jeunes est préoccupante (44 % des jeunes se sentent citoyens de leur pays et l’abstention peut atteindre plus de 50 % lors de certains scrutins). Il vise à augmenter la participation civique, améliorer la cohésion sociale, réduire les comportements déviants, développer des compétences transférables et réaliser des économies pour le système éducatif. Selon un baromètre de l’INJEP, 71 % des jeunes de 15 à 25 ans estiment que l’école devrait jouer un rôle plus important dans l’éducation à la citoyenneté. Cette stratégie proactive, en phase avec la réforme du collège de 2016 qui a introduit l’enseignement moral et civique, pourrait renforcer les fondements démocratiques et cultiver une génération de citoyens bien informés et responsables, en renouvelant le pacte social et démocratique entre les jeunes et les institutions.

14. Déployer un programme de formation au bénévolat à destination des étudiants des universités, afin de démultiplier les référents en charge de la sensibilisation de proximité, avec et pour les jeunes

CONSTAT | 63% des jeunes ne se sentent pas représentés en politique, 78% considèrent que leur voix ne compte pas et 10% seulement se sentent assez informés sur les mécanismes ! Nous pensions que ces sujets étaient plus abordés à l’école. Parmi nos intuitions, il y a d’une part le fait que les institutions et les élus peuvent parfois sembler loin des jeunes. D’autres part, nous sommes bien conscients qu’il s’agit aussi d’un sujet de temps dédié à l’information / la formation sur ces sujets-là. Nous avons l’impression que créer des espaces de proximité (en âge) entre les jeunes qui sensibilisent et les sensibilisés pourrait recréer de la confiance.

PROPOSITION COMPLÈTE | Avec ce dispositif, des vagues de promos d’étudiants d’université seraient formés par des acteurs associatifs locaux, experts de la citoyenneté, de l’engagement, de la solidarité. Le temps d’un stage d’une semaine, on les initierait à la pédagogie en mettant des outils adaptés à leur disposition ; le but étant de sensibiliser sur ces sujets les écoliers et lycéens (primaire, collège, lycée). Cette proposition permet d’abord de lutter contre les inégalités d’accès à l’information en allant dans les écoles Cela permettrait de renouveler les personnes bénévoles dans les associations locales et de créer du lien et du partage intergénérationnel. Les étudiants pourraient par la suite se rendre dans les écoles pour être les ambassadeurs des associations auprès de jeunes élèves. Cette formation à la sensibilisation serait valorisée par des crédits ECTS aux étudiants qui participent.

NOTE DU CERCLE | Cette proposition concerne environ 2,7 millions d’étudiants en France, visant à augmenter le taux de bénévolat parmi cette population. Selon une enquête de l’Observatoire de la vie étudiante (OVE), 23 % des étudiants français s’engagent dans des activités bénévoles. Ce programme s’inscrit dans la lignée de la loi du 8 mars 2016 relative aux droits et libertés des étudiants, qui encourage l’engagement étudiant et la valorisation des compétences acquises dans le cadre associatif. En outre, ce programme pourrait contribuer à lutter contre l’isolement social des étudiants, qui est un problème croissant en France. Selon l’OVE, 37 % des étudiants sont en état de détresse psychologique, et ce chiffre a tendance à augmenter. La mise en place d’un tel programme pourrait également avoir des effets positifs sur la santé mentale des étudiants. L’engagement bénévole peut contribuer à réduire le stress, l’anxiété et la dépression, tout en améliorant l’estime de soi et le bien-être général.

15. Instaurer des congés payés dédiés à l’engagement citoyen et au bénévolat

CONSTAT | 58% des jeunes considèrent qu’ils manquent de temps pour s’engager davantage. Pourtant un jeune sur deux considère que l’engagement est source de bien-être et de confiance en soi. Un besoin d’autant plus critique qu’il s’amplifie avec l’âge. Car l’engagement contribue à monter en compétences, et notamment à s’ouvrir au monde, ce qui est indispensable quand on commence sa vie active. Congés pour les aidants, congés les victimes de violences, congés menstruels, congés parentalité… émergent et s’imposent en entreprise. En effet, depuis la pandémie, les frontières vie professionnelle / vie personnelle sont brouillées et l’entreprise doit accompagner ses salariés dans tous les aspects de leurs vies. En parallèle, les salariés se questionnent sur le sens de leur travail et leur employabilité à long terme pour faire face à l’obsolescence de leurs compétences. Beaucoup trouvent la réponse dans l’engagement qui leur permet de progresser et se sentir utiles.

PROPOSITION COMPLÈTE | Nous souhaitons proposer la mise en place de parcours aménagés pour que les salariés puissent dédier du temps (sous forme de congés payés) à leurs engagements. L’employeur pourrait donc suivre leur mobilisation citoyenne et bénévole. L’engagement serait ainsi valorisé et permettrait de cumuler des crédits de formation et d’accélérer leur parcours d’apprentissage. La mise en place de la semaine de 4 jours a démontré son efficacité chez de nombreux employeurs : libérer une journée pleine du salarié augmente considérablement son bien-être et sa productivité. Nous souhaitons aller plus loin avec cette proposition pour faire de l’engagement un levier d’attractivité pour l’employeur et plus cantonner aux soirs et week-end l’engagement des collaborateurs ! Nous souhaitons nous concentrer sur les écosystèmes locaux pour l’implémentation pour valoriser les territoires et dynamiser les tissus associatifs et citoyens dans lesquels baignent les employeurs. Pour mettre en place cette proposition, nous nous associerons à des entreprises témoins, pionnières en matière de valorisation d’engagement, à des plateformes permettant la rencontre entre salariés et associations (Vendredi, WantToHelp, Jeveuxaider.com) et à des universitaires pour opérer une mesure d’impact permettant de quantifier les retombées concrètes de ce congé supplémentaire.

NOTE DU CERCLE | Cette initiative encourage les entreprises à offrir des congés payés pour le bénévolat, potentiellement touchant 30 millions de personnes actives en France. Elle vise à augmenter la contribution des bénévoles à l’économie française, évaluée à 16 milliards d’euros, et à renforcer le lien social. Selon une étude de France Bénévolat, 68 % des bénévoles souhaiteraient s’engager davantage si leur employeur leur facilitait l’accès au bénévolat. On voit donc que dégager du temps est le principal enjeu. Les bénéfices attendus comprennent une augmentation de la participation bénévole, une amélioration du bien-être des employés, des impacts économiques positifs sur les entreprises, une cohésion sociale accrue, et une réduction des coûts pour les services publics. Cette mesure, s’inscrivant dans la lignée de la loi du 10 août 2018 pour un État au service d’une société de confiance, qui facilite l’engagement bénévole, pourrait renforcer l’engagement civique et contribuer à une société plus robuste et résiliente, tout en participant à l’attractivité des employeurs.

16. Eduquer à la citoyenneté en entreprise avec des semaines citoyennes

CONSTAT | 78% des jeunes considèrent que leurs voix ne comptent pas et 63% des jeunes ne se sentent pas représentés. Les taux d’abstention des dernières élections sont éloquents. Il faut attaquer le problème à la racine : là où les citoyens passent la majorité de leur temps au travail. L’entreprise joue un rôle de sensibilisation et d’éducation sur les enjeux de société : égalité de genre, transition environnementale, lutte contre les discriminations… Il est temps qu’elle s’intéresse à la citoyenneté.

PROPOSITION COMPLÈTE | Les entreprises dédient un temps à la sensibilisation et à l’information citoyenne. L’entreprise reste évidemment neutre mais a un rôle à jouer comme société dans la société. Les salariés sont aussi et avant tout des citoyens : le rôle de l’employeur est de le leur rappeler. Comme pour le 8 mars ou pendant les semaines Black Lives Matter, un temps dédié chaque année sera mis en place pour former à la citoyenneté et créer le débat au cœur de l’entreprise. En plus, chaque campagne électorale sera l’occasion de faire vivre les espaces collectifs avec des événements dédiés. Ces événements seront organisés par les collectifs salariés, les fondations d’entreprise ou les responsables RSE, et seront intégrés dans les politiques RSE des entreprises. Nous pourrions imaginer des semaines d’engagement citoyen pour valoriser les salariés impliqués en politique, en créant l’équivalent de la fresque du climat dédiée à la citoyenneté pour apprendre ses droits et devoirs, des interventions d’élus (internes et externes), professionnels de sciences politiques pour incarner le thème de la semaine. Comme le disait Pascal Demurger, “L’entreprise du XXIème sera politique ou ne sera plus !”.

NOTE DU CERCLE | Ce programme propose d’intégrer l’éducation à la citoyenneté dans les entreprises, affectant potentiellement 29 millions de travailleurs en France si une telle initiative était généralisée dans les entreprises et administrations publiques, touchant ainsi toute la population active. D’après un sondage OpinionWay, 63 % des Français estiment que leur entreprise ne s’engage pas assez dans la société. Il vise à renforcer le sentiment d’appartenance des employés et à augmenter leur productivité et satisfaction au travail. Les avantages incluent l’amélioration de l’engagement des employés, une productivité accrue, une réduction des coûts de santé, un renforcement de la cohésion sociale et un impact positif sur la société. Cette initiative, en phase avec la loi Pacte de 2019 qui encourage les entreprises à prendre en compte les enjeux sociaux et environnementaux, offre une opportunité pour les entreprises de jouer un rôle actif dans le développement civique et de bénéficier d’améliorations tangibles dans leur fonctionnement et leur réputation.

— Pour aller plus loin