La crise du coronavirus a fait apparaître une récession en Chine au premier trimestre 2020 (on ne connaîtra jamais le vrai chiffre de croissance du PIB de ces trois premiers mois de l’année en Chine, mais quand on regarde les différents indicateurs – PMI, ventes de voitures, consommation d’énergie, commerce extérieur –, on voit qu’elle a été extrêmement négative) ; il y aura une récession au deuxième trimestre 2020 dans la zone euro et aux Etats-Unis, avec le recul du commerce mondial, avec la désorganisation des chaînes de valeur, avec les obstacles à la mobilité des personnes. Dans certains secteurs d’activité (tourisme, transports luxe, hôtellerie, automobile, pétrole et gaz…) la perte de chiffre d’affaires est considérable.
Il est donc logique que le marché chute, d’autant plus que l’incertitude est grande.
La première question est donc celle de la date du point bas des cours boursiers. On peut regarder ce qu’on a observé en Chine : l’indice de Shanghai s’est effondré dans la troisième semaine de janvier 2020 (-10%), un mois plus tard, il a regagné 80% de cette perte : le redressement de l’indice boursier peut être très rapide.
La seconde question est celle des risques que la crise s’amplifie. En termes de durée, ce que l’on observe en Chine est rassurant puisque, à la mi-mars, le nombre de nouveaux cas de Covid-19 devient très faible. Mais il peut y avoir une amplification de la crise par des mécanismes économiques. D’une part, les reculs de chiffres d’affaires peuvent conduire à une forte hausse des faillites d’entreprises, et à celle des primes de risque que doivent payer les entreprises sur leurs financements, d’où un violent recul des investissements.
D’autre part, le recul des marchés actions génère un effet de richesse négatif qui, particulièrement aux Etats-Unis, fait apparaître une baisse de l’investissement des entreprises et de la consommation des ménages. On peut donc effectivement avoir, au deuxième trimestre 2020, un fort recul de l’activité aux Etats-Unis et dans la zone euro.
Il faut ensuite regarder la perspective pour le futur, une fois que la crise sera terminée. Si le profil de la crise sanitaire est le même qu’en Chine, la crise devrait être terminée aux Etats-Unis et en Europe au troisième trimestre 2020. Mais à cette date, les taux d’intérêt seront très bas, la liquidité créée par les Banques Centrales sera très abondante. La réaction des Banques Centrales, on le voit déjà aux Etats-Unis, va être très violente : baisse des taux d’intérêt, augmentation de la taille du Quantitative Easing, injections de liquidité dans les bilans des banques (aux Etats-Unis par le discount window, dans la zone euro par les repos à long terme). Si, au troisième trimestre 2020, il y a reprise de la croissance, taux d’intérêt à long terme très bas et liquidité très abondante, il y aura un fort attrait des investisseurs pour les actions et une forte hausse du marché des actions, comme on l’a observé en Chine.
Résumons, tout en restant prudents. Au vu de nos connaissances actuelles, la crise présente devrait être violente mais courte. C’est une crise exogène qui n’est pas due comme celle de 2008 (subprimes) à la faiblesse antérieure de l’économie (endettement excessif des ménages à revenus faibles, recul de la profitabilité des entreprises). Au contraire aujourd’hui, l’économie des Etats-Unis et de la zone euro est robuste, les profits des entreprises sont élevés, l’endettement des ménages a nettement diminué. Certes, il existe le risque d’une vague de faillites d’entreprises, mais les Etats-Unis et les Banques Centrales vont réagir fortement pour l’éviter, et il y aura durablement à la fois taux d’intérêt bas et abondance de la liquidité.
Nous sommes donc conduits à privilégier un scénario « à la chinoise » pour le marché des actions : un effondrement, qui n’est sans doute pas terminé, suivi assez vite d’une reprise rapide.