Dès l’été dernier, nous avions choisi un titre révélateur pour les Rencontres d’Aix 2020 : « Agir face aux dérèglements du Monde ». A l’époque nous pensions plutôt aux conflits géostratégiques et commerciaux. Bien entendu, nous ne pouvions ni prévoir l’incroyable choc de cette pandémie ni imaginer l’ampleur de son impact.
Nous avons donc décidé de tirer profit de cette période particulière du début du mois de juillet. En permettant au cours de ces trois jours (3, 4 et 5 juillet) à tous les acteurs du monde économique, politique et de la société civile de s’exprimer. Le défi consiste à la fois à trouver des solutions d’urgence et des propositions pour une croissance plus soutenable et mieux adaptée aux transformations de nos comportements dues à la crise. Les pouvoirs publics ont choisi une réponse en trois temps. Premier temps, celui de la protection : chômage partiel et garanties sur l’endettement privé.
La deuxième phase qui s’ouvre maintenant sera celle de la transition, avec sans nul doute une augmentation significative du chômage et un souhait évident de sécurité sanitaire, même si le redémarrage de notre économie est urgent. Et puis viendra le temps de réfléchir aux changements à opérer au niveau mondial, européen et français. La liste des aspirations est longue. Il nous faut retrouver le chemin de la croissance en prenant en compte ce que nous avons appris en matière de santé, de modes d’organisation du travail et de priorité à donner à la lutte contre le changement climatique.
Au niveau européen, chacun pense à une gouvernance plus solidaire et mieux coordonnée qu’aujourd’hui. Pas difficile de faire mieux… S’imposent du côté français une réindustrialisation et une nouvelle stratégie industrielle, l’une et l’autre conçues à l’aune des faiblesses de notre appareil productif.
Les Rencontres d’Aix, baptisées cette année « Aix-en-Seine » car elles se dérouleront depuis la Maison de la Radio, doivent répondre à ce qui constitue à la fois une ambition et un impératif. Le débat le plus large doit précéder et sous-tendre le plan de relance en préparation.
Faire en sorte que les tensions, les fractures, les déséquilibres qui n’ont fait que s’exacerber dans les derniers mois puissent être analysés et faire l’objet d’échanges et de propositions à la hauteur des enjeux. Il y a beaucoup de catégories de Français qui, s’ils ne peuvent s’exprimer publiquement, traduiront leur angoisse par un rejet de toute solution, de tout compromis. Les Rencontres de cette année s’adresseront plus que jamais à tous les publics. Elles réuniront l’ensemble des sensibilités, politiques, économiques, syndicales et sociales, religieuses… Chaque intervention fera l’objet d’une diffusion numérique permettant une large résonance.
Nous sommes convaincus que le développement futur de notre pays ne peut se faire sans le débat le plus ouvert. C’est comme cela que dans toutes les crises majeures, la France a réussi à faire émerger des évolutions radicales acceptées par la majorité. Le monde attend un capitalisme inclusif associant toutes les parties prenantes, alors que le risque est grand que prévale au contraire un capitalisme plus dur pour gommer les traces de la crise.
Que l’on ne s’y trompe pas : ce n’est sûrement pas à un groupe d’économistes de porter les nouvelles et profondes aspirations de la société française. Notre rôle est de participer, avec d’autres, à leur expression.