" Osons un débat éclairé "

Huit décisions d’urgence pour une «grande coalition»

Le gouvernement doit prendre des mesures audacieuses aux effets immédiats pour relancer l’économie.

Jamais peut-être le consensus quant à la mise en œuvre de la relance économique de notre pays n’a été aussi fort qu’aujourd’hui. Contrairement à une fausse impression d’impuissance si répandue, il est possible de penser concomitamment des réformes aux effets par nature plus lointains et des mesures aux effets plus rapides.

Faire évoluer le contrat de travail

Il est manifeste que nos marges de manœuvre budgétaires et monétaires sont très faibles et que la trajectoire de l’économie mondiale s’est fondamentalement modifiée avec deux éléments majeurs à prendre en considération. Tout d’abord, les mutations technologiques en marche poussent plutôt à la création d’emplois non qualifiés. Ensuite, l’investissement nécessaire à la réindustrialisation de nos pays se heurte non pas à la faiblesse de l’épargne, mais au fait que cette dernière se tourne peu vers les investissements risqués.

Alors, oui, il faudra réfléchir à l’évolution du contrat de travail et à la place de la négociation collective. Mais ces chantiers nécessaires prendront inévitablement beaucoup de temps. On pourrait faire les mêmes constats pour la réforme fiscale, celle de l’éducation et celle de la protection sociale. Or aucune de ces réformes ne pourra voir le jour si l’on ne prend pas avant cela des mesures dont les effets peuvent être ressentis rapidement.

Lutter contre les retards de paiement et réformer le SMIC

Il y en a huit, à notre avis, dont la mise en œuvre peut être quasi immédiate pour un gouvernement déterminé. Des mesures viennent d’être prises par le gouvernement sur les délais de paiement, c’est bien, mais insuffisant. Sur les 62.000 défaillances d’entreprise en 2015, 15.000, principalement des PME et des TPE, sont encore dues à des retards de paiement. Il faut absolument durcir la surveillance et la lutte contre les délais indus.

Le diagnostic n’est pas nouveau, la France se caractérise par un SMIC très élevé, à 61 % du salaire médian. Un SMIC à ce niveau exclut les moins qualifiés du marché du travail, d’où la proposition d’un SMIC sans la moindre charge. La création d’un contrat de travail intermédiaire entre la précarité du CDD et le manque de flexibilité du CDI ne doit pas être repoussée indéfiniment. En Italie, le nouveau contrat de travail du gouvernement Renzi, contrat à long terme avec une acquisition de la protection au bout de trois ans seulement, a créé plus de 200.000 emplois dès la première année .

Réduire le coût des investissements et le poids des salaires

La quatrième mesure a trait à l’investissement et à son coût. En 2015, le gouvernement a pris une mesure importante en permettant aux entreprises réalisant des investissements entre le 15 avril 2015 et le 14 avril 2016 un sur-amortissement de 40 %. Mais cet avantage de trésorerie et de rendement ne dure qu’un an. Il faut donner davantage d’horizon, au moins trois ans.

La fiscalité des produits à risque, notamment des actions, doit être sensiblement inférieure à celle des revenus du travail ou à celle des revenus de l’investissement sans risque. Ne parlons pas d’un SMIC jeune, même si cela est de fait largement utilisé par les entreprises à travers les stages ou différentes formes d’apprentissage, mais complétons une rémunération qui rejoint progressivement le SMIC par une allocation logement et la prise en charge par la collectivité de toutes les formes de caution exigées du jeune locataire.

Mieux former les salariés et réorienter la politique de logement

La formation professionnelle est un serpent de mer, objet de multiples rapports et réformettes. La politique de l’apprentissage sera d’autant plus pertinente qu’elle sera au plus près des acteurs économiques et du terrain, pilotée par les régions. « Last but not least », l’Etat peut et doit reprendre la gouvernance du secteur du logement et consacrer l’essentiel des 40 milliards dépensés à la reprise massive du secteur qui sera l’un des catalyseurs de la relance.

Evidemment, après ces premières mesures salvatrices, il faut envisager des réformes plus substantielles : baisse de la pression fiscale, refonte des administrations publiques… Mais seule la mise en œuvre de tout ou partie de ces huit propositions permettra en un an de créer un choc productif indispensable pour faire enfin reculer le chômage.

 

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